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Leur société
Le désamiantage du Clemenceau
Des Indiens méfiants à juste titre
La Cour suprême de justice indienne a estimé que le démantèlement et surtout le désamiantage du porte-avions français Clemenceau, prévu dans un chantier de ce pays, "violerait" la convention de Bâle qui interdit l'exportation de déchets toxiques dangereux.
C'est sur cette même convention que s'étaient appuyées sans succès des associations de défense de l'environnement ou des victimes de l'amiante pour demander l'annulation de la décision de procéder au désamiantage du porte-avions français dans un chantier indien.
Mais, pour les autorités françaises, il n'y a pas de problème particulier et surtout pas lieu de s'alarmer. Il ne resterait, selon elles, plus qu'une cinquantaine de tonnes de matériaux amiantés sur ce navire. Peu d'ouvriers, ajoutent-elles, seront soumis au contact direct de l'amiante, une trentaine. Ils seront munis de combinaisons de protection avec masques, gants et chaussures incorporés. À les en croire, ce serait donc les mêmes mesures de protection qui seraient utilisées en Europe pour effectuer des travaux de cette nature.
Mais la Commission de contrôle des déchets toxiques auprès de la Cour suprême indienne, elle, ne "trouve pas encourageant d'autoriser ce navire à accoster en Inde". "Nous avons besoin, précise-t-elle, d'informations supplémentaires pour prendre une décision définitive." Ce qui est une manière de ne pas fermer complètement la porte.
C'est que le démantèlement du Clemenceau est sans doute une bonne occasion pour la société indienne qui a obtenu le marché, un marché qui, dans ce pays, s'alimente du traitement des déchets des pays industrialisés.
Par contre, on n'a guère besoin d'informations supplémentaires sur les conditions de travail et de sécurité dans les chantiers indiens, au vu notamment des images de ces chantiers diffusées à la télévision.
Car le pire, selon la direction de l'entreprise indienne chargée de la démolition du navire, c'est que "le Clémenceau sera le bateau le plus propre à avoir jamais accosté à Alang". C'est qu'en effet, même si le désamiantage du porte-avions français a été incomplet, il a été tout de même en partie réalisé, contrairement aux centaines d'autres vieux rafiots qui ne sont absolument pas traités. Le patron a ajouté: "Si le Clemenceau n'arrive pas à Alang, alors logiquement aucun autre bateau ne devrait avoir le droit d'y accoster".
Du coup, le Clemenceau continue, comme si de rien n'était, sa traversée vers la destination prévue.
Que vaut la vie d'un travailleur indien, dans cette société où l'argent est roi?