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Editorial
Les voeux de Chirac : De nouveaux cadeaux au patronat!
En dehors d'un discours creux sur le "patriotisme", pour essayer de convaincre les plus malmenés par sa politique et celle du patronat qu'ils doivent se consoler en étant "fiers" de leur pays, la seule chose concrète, dans le discours du président de la République, c'est qu'il envisage une fois de plus d'abaisser les charges sociales des entreprises, sous prétexte de favoriser celles qui "emploient en France". Depuis le temps que les chefs d'État et de gouvernement successifs, quelle que soit leur couleur politique, nous serinent la même chanson, tous les travailleurs ont pu vérifier que de telles mesures ne servent qu'à enrichir davantage les patrons, et ne peuvent en plus qu'entraîner une aggravation du déficit de la Sécurité sociale, dont les assurés font les frais.
Cela n'empêche pas Chirac d'oser prétendre qu'il veut "garantir un haut niveau de protection sociale", alors que ce mois de janvier va voir s'appliquer toute une série de mesures qui ne peuvent se traduire que par une nouvelle détérioration des prestations de la Sécurité sociale. Ainsi, le forfait hospitalier passe de 14 à 15 euros par jour. Plus que ce qu'un érémiste touche par jour pour vivre! Tout acte chirurgical de plus de 91 euros donnera lieu à un forfait de 18 euros à la charge de l'assuré. Le "parcours de santé coordonné" va entraîner une diminution des remboursements pour ceux qui n'auront pas choisi un "médecin traitant", et aggraver pour les autres la difficulté à obtenir des rendez-vous rapidement chez des spécialistes, qui risqueront fort de donner la priorité aux patients à qui ils pourront demander des honoraires plus élevés.
Il y a certes des mutuelles. Mais tout le monde n'en bénéficie pas. Et ceux qui en ont une voient en ce moment même arriver des courriers annonçant de fortes hausses des tarifs.
Stagnation des salaires depuis des années, augmentation dans chaque famille des dépenses de santé, hausse du gaz, du fioul, de l'électricité, des carburants, hausse des transports en commun l'été dernier, le niveau de vie de l'ensemble du monde du travail ne cesse de reculer.
Côté emploi, le gouvernement est très fier d'annoncer que le nombre de chômeurs a baissé depuis avril. Le secrétaire d'État à l'Emploi promet que leur nombre va encore diminuer de 300000 en 2006. À supposer que cela soit vrai, cela voudrait dire qu'il y aura encore plus de deux millions de chômeurs dans un an, un niveau qui, il n'y a pas si longtemps, aurait à juste titre été qualifié d'insupportable. Et chacun sait, en outre, que si amélioration il y a eu, elle est due à ce que les économistes appellent les "emplois assistés", qui sont tout sauf de vrais emplois, aux radiations... et au fait que les départs à la retraite touchent maintenant la génération du baby-boom de l'immédiat après-guerre. En fait, derrière l'auto-satisfaction officielle, la précarité ne cesse de se développer. Et du fait du projet d'accord Unedic, que le Medef s'apprête à mettre en oeuvre avec la complicité de la CFDT, de la CFTC et de la CGC, l'indemnisation de milliers de chômeurs va être diminuée en montant et en durée.
Mais le patronat, grand responsable de ce chômage, puisque c'est lui qui supprime des emplois, peut se réjouir. L'indice boursier de référence, le CAC 40, a progressé de 23,4% en un an. Cela signifie qu'en plus des coquets dividendes qu'ils ont encaissés, les bourgeois ont vu le montant de leur fortune en actions augmenter d'autant l'an passé. Pour eux, 2005 a été une bonne année, et 2006 promet de l'être aussi... du moins si les travailleurs ne réagissent pas contre cette politique du patronat et du gouvernement, qui consiste à prendre dans la poche des plus pauvres pour donner aux plus riches.
Alors, pour nous, les travailleurs, 2006 ne peut être une bonne année que si elle est une année de luttes déterminées pour mettre fin à la régression sociale.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 2 janvier