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Dans le monde
Espagne : La sieste bouc émissaire
L'année 2006 verra-t-elle la fin de la sieste espagnole? Cette particularité de "l'horaire espagnol" serait, paraît-il, responsable du nombre record d'accidents du travail en Espagne, de celui des accidents de la route, de l'énervement des enfants, du mal-vivre des parents et des enseignants, voire de problèmes de santé, etc. Plus grave encore, à cause de cette fichue sieste la productivité du travail ne serait pas ce qu'elle devrait être!
Pourtant, en Espagne comme dans les autres pays, les ouvriers et les employés ont des horaires bien différents selon les secteurs. Sieste ou pas sieste, le patronat ne lésine pas pour exercer des pressions de toutes sortes afin de réaliser des profits maximums. Les salaires sont bas. La précarité ne cesse d'augmenter. La flexibilité s'aggrave. Les temps de transport s'allongent. Les horaires sont taillés sur mesure en fonction des besoins de la production. Les cadences s'accélèrent. Du coup, les accidents de travail sont, plus que jamais, graves, voire mortels dans l'industrie ou le bâtiment. Or ce sont des secteurs (et ce ne sont pas les seuls) où souvent, parce que l'on travaille en équipe, le soi-disant "horaire espagnol" -avec (ou sans) le rituel de la sieste- c'est de la blague.
Mais le patronat a peut-être calculé que marcher au rythme des autres pays européens serait un peu plus pratique, par exemple pour les échanges commerciaux ou les transports. Et il n'en aura pas fallu plus pour que tout ce beau monde qui sait si bien faire fructifier sa fortune -même en dormant- se donne un argument supplémentaire pour imposer, toujours davantage, aux salariés des horaires à sa seule convenance.