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Leur société
Une étape de plus dans la guerre aux chômeurs
Selon le nouveau décret anti-chômeurs publié par le gouvernement, les agents du ministère de l'Emploi chargés de contrôler la régularité des attributions d'allocations-chômage pourront désormais avoir accès aux documents fiscaux d'un chômeur; ils pourront croiser les renseignements recueillis dans ces dossiers avec ceux que leur communiqueront l'ANPE, les organismes de l'assurance-chômage et les administrations sociales; tout cela, afin, dit le gouvernement, de mieux débusquer les "fraudeurs".
Devant le tollé suscité par la publication du décret, pourtant faite un 24 décembre avec l'espoir qu'il passerait inaperçu, le ministère de l'Emploi a voulu en minimiser la portée en déclarant que cela ne concernerait "qu'un nombre infime de demandeurs d'emploi". C'est vérifié, si l'on en croit les chiffres de l'Unedic: entre mars 2004 et février 2005, seulement 1,8% des allocataires ont été sanctionnés.
Alors pourquoi une mesure supplémentaire? Pour sanctionner quelques chômeurs de plus qui auraient l'audace d'augmenter leurs revenus par quelques heures de travail au noir, qui de toute façon ne peuvent pas leur rapporter un pactole? Pour satisfaire l'opinion d'une frange de la population bien réactionnaire qui considère les chômeurs comme des parasites?
C'est sans doute les deux à la fois, mais c'est aussi pour faire peser sur les chômeurs une pression supplémentaire et les obliger à accepter n'importe quel travail à n'importe quel prix.
Le décret s'inscrit dans la suite logique des mesures prises depuis six mois. En août, le décret d'application de la loi de cohésion sociale a fait passer dans les faits les sanctions prévues: si le chômeur ne peut justifier de sa recherche d'un travail ou s'il refuse un emploi, une formation ou un contrat d'apprentissage, ses allocations sont réduites de 20% pendant six mois, puis de 50% en cas de récidive, ou sont même totalement supprimées. C'est cette dernière sanction qui est également imposée à celui qui ferait des déclarations inexactes pour toucher des allocations.
En septembre, un autre décret a précisé que le chômeur qui refuserait trois offres perdrait définitivement ses droits, en indiquant qu'après six mois passés sans retrouver un emploi, l'offre pourrait être de plus en plus éloignée des souhaits du demandeur, qui n'aurait pourtant pas le droit de la refuser.
Être rayés des listes ou sous-indemnisés par la dernière mouture de l'accord Unedic: voilà les perspectives offertes aux chômeurs par les patrons et le gouvernement; ce que le ministre délégué aux Relations du travail appelle, sans vergogne, "bâtir un vrai plan pour l'accompagnement vers l'emploi".