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Leur société
Procès de faucheurs anti-OGM : Un jugement qui, cette fois, sonne juste
Quarante-neuf militants anti-OGM ont été relaxés le 9 décembre par le tribunal correctionnel d'Orléans, alors qu'ils risquaient des peines allant jusqu'à trois mois ferme, pour avoir fauché des parcelles de maïs génétiquement modifié dans le Loiret en 2004 et 2005.
Ils devront tout de même verser 6000 euros d'indemnités à Monsanto, la société multinationale propriétaire des parcelles de maïs, qui réclamait 398000 euros de dommages-intérêts. L'affaire n'est pas terminée puisque à la fois le parquet, représentant l'État, et Monsanto ont fait appel.
Les juges, pour justifier leur décision, s'appuient sur «l'état de nécessité» dans lequel se trouvaient ces militants de transgresser la loi pour une raison supérieure, le droit de «vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé». Cet état de nécessité, en quelque sorte un cas de force majeure, résulte de «la diffusion incontrôlée de gènes modifiés qui constitue un danger actuel et imminent, en ce sens qu'il peut être la source d'une contamination affectant des cultures traditionnelles ou biologiques», a déclaré le tribunal.
Si certains de ces militants s'opposent a priori et par principe à ce que des variétés puissent être artificiellement modifiées, ce qui est une attitude discutable, l'action des «faucheurs anti-OGM» a le mérite de poser un problème réel, celui des risques que font courir des capitalistes de l'agro-alimentaire, comme le puissant trust Monsanto. Et quand les dirigeants de cette société invoquent un «droit à la recherche», ils omettent de préciser que ce droit, ils pourraient l'exercer en milieu confiné et donc sans risque de dispersion dans la nature. Monsanto a les moyens d'investir les capitaux nécessaires pour créer de tels sites.
Mais les dirigeants de Monsanto ne sont pas des philanthropes. Ce droit à la recherche, ils comptent l'exercer dans le secret des affaires, des brevets qui protègent la propriété privée. Ils visent à déboucher sur une perspective commerciale et à se créer une situation de monopole. Et ils n'ont pas pour priorité, quoi qu'ils en disent, de satisfaire les besoins alimentaires de l'humanité.