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CCAS de Grenoble : La grève a payé
Au Centre communal d'action sociale (CCAS) de la ville de Grenoble, depuis des années, le personnel du service des paies a une importante surcharge de travail, due aux dysfonctionnements des logiciels de paie.
En 2002, «Pléiade» a remplacé un logiciel devenu obsolète. Il devait permettre de gérer de manière automatisée, souple et pratique d'emploi, la paie des 1400 agents du CCAS. Il fut abandonné au bout d'un an, remplacé par «Civitas», dont on se sert encore aujourd'hui. Mais ces deux logiciels correspondaient aussi peu l'un que l'autre à ce qu'on pouvait en attendre. D'ailleurs la direction du CCAS était bien consciente de la surcharge de travail qu'ils occasionnaient, puisque l'an dernier elle avait mis temporairement deux renforts dans l'équipe; mais en août 2005, le dernier renfort est parti.
Civitas est si peu sûr que chaque mois une paie à blanc est effectuée afin de contrôler les éléments saisis. Début 2005, le service a dû recalculer les déclarations fiscales de l'ensemble du personnel. Le mois de novembre a été particulièrement difficile: la refonte des grilles des agents de catégorie C a engendré une grosse surcharge de travail. Car Civitas n'est pas paramétré pour calculer l'ancienneté des agents. Il a fallu rechercher dans les dossiers de chaque agent pour saisir selon la nouvelle grille. De plus, le logiciel ne sachant pas calculer le 13e mois (payé en novembre), la direction a demandé aux agents d'accepter de le chiffrer manuellement au cas par cas.
Là-dessus, l'annonce par la direction d'un projet de réorganisation de service a mis le feu aux poudres. Les 14 agents du service paie, ne pouvant plus travailler dans ces conditions, ont décidé de déposer un préavis de grève pour le mercredi 7 décembre. Ils demandaient la création de deux postes supplémentaires, un chargé des dossiers de retraite, un autre pour pallier le sous-effectif chronique, et une augmentation de 50 euros mensuels, soit 600 euros sur l'année.
Après deux rencontres avec la direction, et face à la menace de grève, celle-ci cédait sur le poste pour les retraites, un renfort d'un an pour le sous-effectif, et une prime de 300 euros. Mais pour les 14 employées concernées cela ne faisait pas le compte, elles refusèrent et continuèrent d'exiger 600 euros. Et le mercredi matin, comme prévu, elles se mettaient en grève illimitée, affichant des tracts dans le bâtiment pour s'adresser aux collègues et aux usagers. La directrice avait beau passer derrière les grévistes pour enlever les affichettes, celles-ci réapparaissaient.
Comme dans tous les services les problèmes sont identiques, les grévistes du service paie rencontraient le soutien des autres. C'est pourquoi la directrice a reçu en urgence les grévistes en début d'après-midi. Après avoir tergiversé, expliquant qu'elle ne pouvait rien donner de plus, que le vice-président, maire-adjoint PS de Grenoble, n'était pas joignable, et alors que les grévistes allaient se lever pour partir, elle cédait sur 400 euros de prime et le paiement du jour de grève.
Pour la majorité des grévistes, c'était la première grève. Elles ont repris le travail satisfaites de s'être fait respecter par une direction d'habitude arrogante, et d'avoir obtenu une grande partie de leurs revendications. D'ailleurs leur victoire n'est pas passée inaperçue dans les autres services municipaux. Pour calmer le jeu, la direction s'est empressée de proposer une prime de 150 euros à une vingtaine d'employés du service paie de la mairie (3700 salariés), un service semblable mais distinct de celui du CCAS. Mais ces salariées jugent ces 150 euros insuffisants, d'autant plus qu'ils revendiquent aussi du personnel supplémentaire. Une affaire à suivre...