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Dans le monde
Irak : Impasse sanglante
«C'est pire que du temps de Saddam Hussein», a déclaré Iyad Allaoui, qui fut pourtant le Premier ministre imposé en Irak par l'armée américaine. Lui-même dénonce les assassinats commis par les différentes bandes armées, les enlèvements, les prisons clandestines, l'usage systématique de la torture, les tribunaux de la charia (la loi islamique) qui jugent les gens et les exécutent. Il met d'ailleurs la police officielle du régime au même niveau que les autres milices, officielles, semi-officielles ou clandestines, puisqu'il a demandé à sa propre milice de tirer à vue sur des voitures de police qui se présenteraient sans prévenir aux alentours de ses bureaux. Seules les armées d'occupation, pourtant principales responsables du chaos et de la violence qui règnent en Irak, échappent à sa critique.
Cette déclaration d'un politicien qui fut l'homme lige des Américains vient contredire les déclarations lénifiantes du gouvernement irakien et des autorités américaines sur l'amélioration de la situation et la marche en avant de la démocratie. Ce «retour de la démocratie» devait être symbolisé par le procès du dictateur Saddam Hussein. Mais même cela, le gouvernement irakien et derrière lui l'armée américaine sont incapables de l'organiser. Même cette parodie de justice, ce procès pour la télé, dans lequel on ne peut pas laisser parler l'accusé, de peur qu'il rappelle le temps où ses accusateurs étaient ses meilleurs soutiens, ne peut pas fonctionner. Ne serait-ce que parce que les avocats sont assassinés les uns après les autres...
La déclaration d'Allaoui vient au moment où Bush parle pour la première fois du retrait possible des troupes d'occupation et même de rapatrier, l'an prochain, 30000 des 160000 soldats américains. En dénonçant maintenant l'incapacité du gouvernement actuel, sorti d'élections que lui-même n'avait pas réussi à remporter, Allaoui demande en fait un renforcement de la présence militaire occidentale. Il s'adresse d'ailleurs à l'ensemble des pays impérialistes en leur disant qu'ils ne peuvent pas laisser le chaos s'installer dans cette zone stratégique. Et, naturellement, il propose ses services pour redevenir le garant irakien de cette politique.
Voilà le choix que l'impérialisme laisse au peuple irakien: l'occupation militaire ou la loi des bandes armées; les chars d'assaut ou les voitures piégées; les bombardements ou la république islamique. Et, en fait, la situation est telle que le peuple irakien subit les deux à la fois.