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Dans les entreprises
SNCF : Les raisons du mécontentement
La grève qui a commencé à la SNCF le lundi 21 novembre au soir correspond à un mécontentement accumulé depuis longtemps dans tous les secteurs, sur des revendications concernant principalement les salaires, qui n'ont augmenté que de façon minime depuis tant d'années, ainsi que sur l'emploi: depuis plusieurs années maintenant, les effectifs sont à la baisse aussi bien dans les ateliers que dans les gares (aux guichets, particulièrement), dans les triages comme dans les bureaux, parmi les agents de conduite comme parmi les sédentaires.
Cette situation exprime la politique de la direction, décidée à faire de la SNCF une entreprise faisant des profits au même titre que d'autres, avec ce que cela implique pour les travailleurs de dégradation des conditions de travail et pour les usagers, d'économies sur l'entretien et le renouvellement du matériel ainsi que sur les services à la clientèle, réduits sous prétexte d'automatisation sans la moindre diminution des tarifs, bien sûr.
À cela s'ajoute la remise entre les mains de sociétés privées, filiales ou non de la SNCF, de services et de bâtiments. Son président, Louis Gallois, et le gouvernement se défendent d'avoir engagé un processus de privatisation de l'ensemble de la SNCF. Mais tous ceux qui y travaillent sont en mesure de juger les changements, progressifs, par petites touches, certes, mais qui vont tous dans le sens d'un démantèlement de cette entreprise publique: la présence des employés de la société Effia ("les gilets rouges") dans les gares pour aider les voyageurs en quête d'informations sans qu'ils soient souvent en mesure de les donner; les sociétés de nettoyage des voitures voyageurs, qui imposent de telles conditions à leurs employés qu'ils sont dans l'impossibilité de nettoyer correctement les rames; les lignes Thalys et Eurostar gérées par des sociétés privées. Dans ces derniers cas, ces sociétés privées bénéficient des infrastructures et du matériel de la société publique pour s'approprier les profits résultant du trafic de ces grandes lignes. Avec l'embauche devenue quasi systématique dans certaines activités, comme celle de "l'accueil" des voyageurs dans les gares ou à l'entrée des quais de gare, de travailleurs précaires, intérimaires ou en CDD, sans aucune perspective que leurs contrats soient un jour transformés en contrat cheminot, à durée indéterminée, la SNCF se comporte comme n'importe quel patron privé.
Il faudrait également parler du trafic de marchandises. La réorganisation et l'ouverture à la concurrence de l'ensemble du réseau ferré national se traduisent par l'abandon de pans entiers d'activités, livrés à des entreprises privées.
Rien de surprenant, dans ces conditions, que le mécontentement sur les revendications fondamentales concernant l'emploi et les salaires, comme l'inquiétude vis-à-vis des projets de réorganisation faisant la part de plus en plus belle au secteur privé composent un mélange très inflammable dont Gallois et Cie feraient bien de se méfier.