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Leur société
La direction du PCF voudrait refaire "ce qui a échoué"
Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, dans Le Parisien-Dimanche du 20 novembre, dénonçait la politique du gouvernement, affirmant que le PS -qui tenait congrès le même week-end- "nourrit la désespérance en donnant le triste spectacle de ses problèmes internes".
Que la direction du PS se déchire entre clans qui cherchent, chacun, à promouvoir son champion dans la course à l'investiture pour l'élection présidentielle de 2007, c'est une évidence. Mais que cela provoque la "désespérance", c'est à voir. Et la désespérance de qui?
"La gauche a été plusieurs fois sanctionnée et la dernière fois, en 2002, très lourdement" par l'électorat ouvrier et populaire, rappelle Marie-George Buffet. "Les leçons du passé n'ont pas été tirées" ajoute-t-elle. Certes, mais lesquelles? En guise de réponse, la dirigeante du PCF se pose une série de questions. "Je m'interroge: ce parti (le PS) va-t-il poursuivre sa dérive social-libérale ou va-t-il se ressaisir en redevenant un parti pleinement engagé à gauche?" En est-on encore à se poser ce genre de question après deux septennats présidentiels de Mitterrand; après trois périodes, entre 1981 et 2002, où le PS a dirigé le gouvernement; après le congrès du Mans?
En tout cas, au lendemain de ce congrès, l'Humanité se félicitait de ce que la direction du PS "a dû prendre en compte le référendum et le malaise social". Et Marie-George Buffet, citée par ce même numéro de l'Humanité, d'en conclure que "maintenant il faut construire (...) pour qu'on arrive ainsi à un contrat entre toutes les forces de gauche sur un programme de transformation sociale". Elle considère donc, semble-t-il, que le PS a tranché, au Mans, pour une orientation antilibérale et qu'il faudrait désormais s'atteler à la rédaction d'un programme "de gauche".
Aujourd'hui, même si elle habille sa démarche d'une critique qui se veut sans concession du PS et du gouvernement Jospin, la direction du PCF n'avance pas d'autre perspective que de recommencer "ce qui a échoué". Et même s'il existe encore une inconnue, à savoir derrière lequel des dirigeants du PS, ce parti d'abord, le PCF ensuite se rangeront pour l'élection présidentielle de 2007, il semble acquis que la direction du PCF emboîtera le pas. En tout cas, elle y prépare ses militants.
Le "contrat de transformation sociale entre toutes les forces de gauche" qu'évoque Marie-George Buffet ne serait, au mieux, que la nouvelle feuille de vigne imaginée par la direction du PCF pour placer, une nouvelle fois, les espoirs des couches populaires entre les mains d'un Fabius, d'un Jospin, d'un Strauss-Kahn ou d'une Ségolène Royal.
Dans Le Parisien-Dimanche, Marie-George Buffet dit aussi vouloir s'adresser "à l'extrême gauche, car si elle se contente de faire la leçon en refusant de participer à une union populaire, on n'avancera pas". Mais avancer vers quoi? Cette rengaine, la direction du PCF la ressert régulièrement: à se contenter de critiquer, on resterait automatiquement stérile. Mais, aller dans le sens qu'elle propose, sous l'égide de ceux qu'elle envisage comme partenaires, ce n'est pas avancer, c'est au contraire faire une nouvelle marche arrière.
Bien sûr que les révolutionnaires, ceux que la secrétaire du PCF appelle l'extrême gauche, veulent "participer". Mais pas à cette "union populaire", non encore réalisée, mais qui ne pourrait qu'être un clone de la défunte "Union de la gauche". Les révolutionnaires sont partie prenante des combats de la classe ouvrière, et de toutes les actions qui contribuent à renforcer le poids du monde ouvrier, sa confiance en lui-même, à améliorer le rapport de forces des classes populaires face à la bourgeoisie. Mais, sans être devin, on peut prédire que, dans ces combats-là, on ne se retrouvera en compagnie ni de Hollande ni de Strauss-Kahn, Fabius ou Emmanuelli.