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Leur société
EDF, "actionnariat populaire" : L'opération a disjoncté
Avant l'introduction en Bourse d'EDF lundi 21 novembre, sept milliards d'euros d'actions ont été mis en vente, dans une augmentation de capital, dont se flattaient le gouvernement et les milieux financiers. 60% de ces actions ont été proposées aux particuliers, qui se les seraient arrachées, nous explique-t-on. Il y aurait eu près de cinq millions d'acheteurs: mieux que les 3,1 millions en juillet dernier pour GDF, mieux même que les 3,8 millions d'octobre 1997 pour France Télécom.
Le ministre des Finances se félicite: "C'est un très grand succès populaire. Avec les salariés et les anciens salariés, ce sont plus de 5 millions de Français qui vont être propriétaires d'une partie du capital d'EDF." Cette présentation des choses n'a rien à voir avec la réalité. Car il est faux de prétendre que cinq millions de Français seraient désormais propriétaires d'EDF, et en tout cas en situation d'influencer en quoi que ce soit les choix de la compagnie.
Sur les près de 55 milliards que vaudrait actuellement EDF, 85% restent aux mains de l'État. 15% sont dans le public de la façon suivante: 7,5% appartiennent à des particuliers; 5,25% aux investisseurs institutionnels (banques, assurances, caisses de retraite, sociétés d'investissement, etc.) et 2,25% aux salariés et anciens salariés de l'entreprise. La multitude de petits porteurs détient donc moins de 10% du total et n'aura pas voix au chapitre.
Les 5% détenus par une poignée d'organismes financiers pèsent infiniment plus. D'ailleurs ces petits porteurs se sentaient si peu "propriétaires" d'EDF que beaucoup d'entre eux se sont empressés de revendre leur petit lot d'actions, espérant en retirer quelque profit. Cela s'est traduit par une chute des cours à tel point que les banques investies dans cette opération ont dû racheter en masse ces actions pour éviter que le cours ne s'effondre, et passe nettement au-dessous de sa valeur de mise en Bourse. Ce qui aurait fait mauvais effet, reconnaissons-le, pour le gouvernement et son ministre des Finances, Thierry Breton, qui avait mené cette "ouverture du capital" en fanfare.