Le maire de Draveil coupe les aides sociales : Surenchère dans le mépris17/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1946.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le maire de Draveil coupe les aides sociales : Surenchère dans le mépris

Le député-maire UMP de Draveil a "donné instruction aux services sociaux de la mairie de suspendre immédiatement la distribution des aides sociales" versées par le CCAS (Centre communal d'action sociale) aux familles démunies, si un de leurs enfants se trouve condamné par la justice pour sa participation aux émeutes dans les banlieues. La ville distribue aux familles sans ressources 70000 euros d'aide alimentaire, de complément EDF, d'aide pour payer un ou deux loyers, la cantine ou les vacances pour les enfants. Priver de nourriture les jeunes fautifs, et leurs frères et soeurs, c'est tout ce que cet émule de Sarkozy a trouvé pour résoudre la crise des banlieues!

Ce n'est pas une idée neuve et Philippe Bas, ministre délégué à la Famille, vient de reparler d'une éventuelle "suspension des allocations familiales pour les parents qui n'exercent pas correctement leur fonction parentale". C'est un effet d'annonce, sans aucune efficacité prévisible, mais faite simplement pour satisfaire la partie la plus réactionnaire de l'électorat. C'est surtout un témoignage du mépris profond de ces élus pour les pauvres.

Il faut trouver un bouc-émissaire; les parents en feront office; on les proclame "démissionnaires", sans volonté, même si les éducateurs, assistants sociaux, enseignants expliquent que ces parents sont confrontés, comme beaucoup, à des problèmes infiniment plus difficiles à surmonter quand on est démuni que quand on appartient à un milieu aisé. Où les parents qui ont des problèmes avec leur progéniture ne sont pas aussi rares que ça!

Veiller à ce qu'un adolescent ne traîne pas dans les rues, c'est beaucoup plus facile quand on n'a pas des horaires de travail à rallonge, quand on peut se payer une "aide après l'école" comme le proposent les officines qui monnayent des services que l'école devrait prendre en charge. Quand on élève seule ses enfants, comme c'est le cas de nombreuses femmes, et qu'on travaille de nuit, ce qui est de plus en plus fréquent, qu'on soit en usine ou dans une société de nettoyage, il faut une volonté de fer et des trésors d'ingéniosité pour garder le contact avec ses enfants et conserver son "autorité parentale". Quant aux parents qui sont depuis de nombreuses années au chômage, comment ne leur serait-il pas difficile d'être crédibles quand ils expliquent qu'il faut travailler à l'école pour avoir "un bon métier"?

Ce qui est remarquable, c'est plutôt que la plupart des parents résistent, même s'il leur arrive d'échouer, et qu'ils essaient de maintenir le cap, malgré toutes les pressions d'une société où ceux qui dirigent considèrent la pauvreté comme une tare.

Toute la politique des gouvernements successifs a consisté à laisser faire les patrons licencieurs, à les laisser s'attaquer aux horaires de travail, aux salaires, à tout ce qui pouvait rendre un peu moins difficile la vie des travailleurs. Les gouvernements qui se sont succédé ont coupé dans les budgets sociaux, dans les crédits à l'éducation, dans tout ce qui pouvait aider justement les parents, en encadrant davantage les jeunes livrés à eux-mêmes. Alors, la moindre des choses qu'on pourrait attendre des politiciens "pères-la-morale", s'ils avaient un peu de pudeur, ce serait qu'ils se taisent.

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