Tribunal de Douai : Délit d'aide humanitaire03/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1944.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Tribunal de Douai : Délit d'aide humanitaire

Jeudi 27 octobre s'ouvrait au tribunal de grande instance de Douai le procès en appel de Jean-Claude Lenoir et Charles Frammezelle, deux militants du collectif C'Sur qui assure une aide humanitaire aux réfugiés de Calais depuis la fermeture en novembre 2002 du camp de Sangatte. Ses militants étaient venus nombreux au tribunal.

La justice fait preuve d'acharnement. Ces deux militants comparaissaient il y a un peu plus d'un an à Boulogne-sur-Mer, pour " aide à l'entrée, au séjour et à la circulation d'étrangers en situation irrégulière, en bande organisée ". Le procès avait tourné court et avait même reconnu leur rôle humanitaire.

Puis ils ont dû subir un autre procès pour outrages et rébellion à la force publique. En première instance, ils furent condamnés à de lourdes amendes et à des peines de prison avec sursis. Il leur est reproché d'avoir tenté d'empêcher l'interpellation et le transfert de migrants en mars 2003 et d'avoir invectivé les policiers.

Les militants ont nié avoir traité les policiers de nazis et les policiers n'ont pu formellement leur attribuer ces propos. Jean-Claude Lenoir a été accusé d'insultes à connotation raciste à l'égard d'un policier d'origine marocaine, au moment où il obligeait des migrants à monter dans les cars à cause de la phrase : " Vous n'avez pas honte de ce que vous faites ; vous oubliez votre passé. " " C'est une interprétation qui peut arranger certains mais qu'on ne peut pas lui mettre sur le dos. Pour un militant qui depuis des années défend des clandestins de toutes origines, c'est un comble ! " a commenté le témoin, l'abbé Boutoille.

Le procès a servi de tribune pour dénoncer la situation inhumaine et absurde réservée aux réfugiés depuis des années. Ils sont interpellés, arrêtés et, comme le nombre de places dans les centres d'accueil est insuffisant, ils sont redéposés sur l'autoroute ou relâchés à la frontière belge...

L'avocat général, particulièrement réactionnaire dans sa plaidoirie, a mis en cause le rôle d'enseignant de Jean-Claude Lenoir en l'accusant de ne pas enseigner les valeurs de la démocratie à ses élèves ; il a eu le front de défendre le rôle humanitaire de la police. Deux militants du comité qui ont récemment été passés à tabac ont pu apprécier. Quant aux migrants victimes de fractures des membres lors d'interpellations musclées, ils ne voient jamais leur dépôt de plainte aboutir.

L'avocat général a renoncé à la peine de prison mais requiert un alourdissement de l'amende à laquelle les inculpés sont condamnés : 5000 euros pour l'un et 3000 euros pour l'autre ; l'avocat de la défense a demandé la relaxe. Le jugement sera rendu le 1er décembre.

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