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Leur société
Gaz : Une hausse explosive pour gonfler les profits des actionnaires
Fin octobre, Thierry Breton, ministre de l'Économie, en était encore à déclarer " qu'une hausse de 12% " du prix du gaz, réclamée par Gaz de France, " n'est pas l'objectif du gouvernement ". Le Premier ministre, Villepin, réclamait quant à lui " une solution plus équilibrée ". Pour donner le change, la direction de Gaz de France a accepté ce qu'elle a appelé un " geste commercial " envers ses clients par une ristourne sur l'abonnement pendant cinq mois... mais elle a maintenu sa hausse de 12% au 1er novembre. Et le gouvernement l'a avalisée.
Les augmentations du prix du gaz (4% en juillet, 2,6% en septembre) se cumulent tandis que le " geste commercial " se terminera fin mars prochain, et ensuite ce sera l'augmentation de 12% plein pot, ajoutée à celles déjà prévues pour le 1er janvier et le 1er avril. Même Le Figaro écrit qu'il ne s'agit là que d'un " habillage ", et qui plus est maladroit, de la hausse des tarifs. La direction de Gaz de France reconnaît, à sa façon, que cette hausse va mettre en difficulté bien des gens puisqu'elle a prévu de renforcer le fonds de solidarité énergie de 10 millions d'euros supplémentaires, destinés à aider les usagers les plus en difficulté. Mais faire la charité aux pauvres que l'on étrangle financièrement, cela reste d'un bon rapport puisque, quand l'augmentation de 12% s'appliquera pleinement, cela devrait rapporter un milliard d'euros supplémentaires à Gaz de France. Or non seulement l'entreprise est déjà bénéficiaire, mais son profit a augmenté de 13,1% pour les six premiers mois de 2005. Il aurait donc été possible, et facile, au gouvernement d'imposer, non pas une hausse, mais une baisse des tarifs. Il en avait le pouvoir puisque, pour le moment, c'est encore le ministre de l'Économie et celui chargé de l'Énergie qui signent les changements de tarif, à la hausse comme à la baisse. Mais il ne faut pas rêver. Une poignée de gros actionnaires qui profitent de la privatisation de Gaz de France compte infiniment plus que des millions d'usagers devenus des clients, dont le seul rôle est de payer pour rapporter de plus en plus de profits, de façon à faire monter l'action cotée en Bourse. Et les gouvernements, qui n'étaient guère au service des usagers lorsque Gaz de France était une compagnie nationale, le sont encore moins aujourd'hui. Le choix d'une hausse plus importante que les précédentes n'a pas d'autre raison d'être que de satisfaire aux voeux des actionnaires. D'ailleurs, l'action de Gaz de France a augmenté le jour où le gouvernement a confirmé la hausse.
Et on voudrait nous faire croire que la privatisation des services publics et leur mise en concurrence font baisser les tarifs et profitent aux usagers !