Quel chemin parcouru à reculons! Il y a trois ans à peine, le 3 octobre 2002, une grande manifestation nationale du personnel d'EDF et GDF (80000 personnes, selon les syndicats) se prononçait pour la "défense du service public".

Parallèlement, en secret, les dirigeants fédéraux commençaient à négocier le bradage du régime des retraites des électriciens et gaziers. Et en décembre 2002, la direction CGT se prononçait en faveur de ce texte baptisé "relevé de conclusions". Devant le refus du personnel, confirmé par référendum, la CGT (majoritaire à elle seule) ne signait pas. Mais le mal était fait: d'une part, le texte était adopté par la direction, d'autre part la CGT commençait à perdre la confiance que lui faisaient encore la plupart des travailleurs combatifs.

Ensuite, lors du changement de statut, l'an dernier, les fédérations syndicales appelèrent à des grèves et des manifestattions mais partielles, et lorsque des grévistes coupèrent le courant de la gare Saint-Lazare à Paris, bloquant les trains, la fédération CGT les désavoua. Et le mouvement s'arrêta...

Lors de la grève de la SNCM, certains travailleurs regrettaient que les dirigeants syndicaux ne les appellent pas à bouger; d'autant que pour la SNCM, comme pour EDF, il s'agissait de s'opposer à la privatisation. "On aurait dû se battre avec la SNCM, après ce sera notre tour" disaient certains travailleurs combatifs. Mais rien n'est venu...

Alors, aujourd'hui, l'agitation syndicale fait sourire ou pitié. Personne n'était, par exemple, au courant du dépôt d'une pétition par la CGT à Matignon, le mardi 25 octobre. De même, c'est par la presse et la radio que le personnel a appris qu'il devait être en grève le 8 novembre (pourquoi le 8 novembre?) et qu'une manifestation sera organisée le 19 novembre pour la "défense des services publics".

Il y a trois ans, les travailleurs d'EDF étaient dans la rue. Les dirigeants syndicaux ont tout fait pour les décourager. Il ne faut donc pas s'étonner qu'ils mobilisent difficilement aujourd'hui...