- Accueil
- Lutte ouvrière n°1943
- Cadeaux aux riches,prélèvements sur les pauvres : Il faut les stopper!
Editorial
Cadeaux aux riches,prélèvements sur les pauvres : Il faut les stopper!
Le gouvernement a commencé la privatisation d'EDF. Il ne peut même pas prétendre, comme il l'a fait récemment, mensongèrement, pour la SNCM, qu'il s'agit de "sauver" de la faillite une entreprise d'État. EDF est largement bénéficiaire au point de racheter des entreprises ailleurs dans le monde.
Même nationalisée, EDF rendait service surtout aux grandes entreprises, c'est-à-dire au grand patronat. Mais ses bénéfices aguichent les groupes privés auxquels le gouvernement s'apprête à la livrer. EDF sera cotée en Bourse, actionnaires et boursicoteurs pourront faire du profit privé sur la production et la distribution de l'électricité, produit de première nécessité qui, comme la distribution de l'eau, devrait être un service public.
La privatisation se traduira inévitablement par des restructurations, des suppressions d'emplois et une aggravation des conditions de travail des agents EDF.
Les ténors du Parti Socialiste font mine de protester contre la privatisation d'EDF. Mais comment oublier que les ministres socialistes, de Strauss-Kahn à Fabius, ont appelé de leurs voeux l'ouverture d'EDF aux capitaux privés? L'accord sur l'ouverture complète du marché du gaz et de l'électricité a été cosigné par Chirac et Jospin, encore Premier ministre.
La privatisation d'EDF intervient peu après le vote à l'Assemblée nationale de cet autre cadeau aux possédants qu'est l'allégement de l'impôt sur la fortune.
Grâce à ce petit cadeau entre amis du même monde, cette seule mesure permettra, par exemple, à Desmarets, PDG de Total, d'économiser 325000 euros par an. L'ex-PDG de Carrefour, Daniel Bernard, y gagnera encore plus: 820000 euros, à peu près ce que gagnent deux travailleurs payés au smic durant toute leur vie active.
Les laquais politiques des riches qui, au Parlement, ont voté cette mesure ont eu le culot d'expliquer que c'était pour "préserver l'emploi"! Et tout est comme cela: pas une semaine ne passe sans qu'à travers une loi, un amendement, d'apparence anodine, une nouvelle catégorie de possédants ne touche des cadeaux considérables.
Au même moment, l'Assemblée se prépare à instaurer un forfait de 18 euros à la charge du malade pour tout acte médical d'un montant supérieur à 91euros. Combien de travailleurs mal payés, de chômeurs, de retraités ou d'handicapés se soigneront plus mal ou plus du tout?
Ils ont le culot de prétendre que c'est pour sauver la Sécurité sociale déficitaire. Mais pourquoi est-elle déficitaire? La part patronale des cotisations pour la Sécurité sociale n'a pas augmenté depuis 17 ans, elle a même baissé! Dans le même temps, la part des salariés est passée de 12,6% à 15,4% du salaire brut. Si la part patronale avait augmenté dans la même proportion que celle des salariés, il n'y aurait pas de déficit de la Sécurité sociale. De plus, le patronat est dégrevé d'une partie des charges sur les salaires inférieurs à 1,5 fois le smic, c'est-à-dire la majorité des salariés.
Ce nouveau forfait de 18 euros, c'est faire financer par les plus démunis les cadeaux ainsi faits au grand patronat.
Le gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy ne cache pas son jeu: c'est aux possédants grands et petits qu'il veut plaire. Toute sa politique, tous ses gestes s'inscrivent dans ce choix fondamental.
Mais ceux qui espèrent qu'il suffit de changer de président de la République et de gouvernement se trompent. Car les alternances périodiques entre la gauche et la droite n'ont jamais arrêté ni la croissance des prélèvements sur les classes populaires, ni les allégements de charges pour le patronat, ni le rythme des privatisations.
La seule issue pour les travailleurs, c'est de contraindre le gouvernement quel qu'il soit à changer de politique. Cela exige la mobilisation de l'ensemble du monde du travail, des manifestations, des grèves assez fortes pour faire reculer le gouvernement et pour atteindre le patronat là où il est sensible, en menaçant ses profits. Ce sera dur mais, à tout prendre, bien moins que de continuer à subir les coups.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 24 octobre