Michelin - Poitiers : Coup de colère contre le transfert21/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1942.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin - Poitiers : Coup de colère contre le transfert

L'usine Michelin, fabriquant des pneus poids lourds à Poitiers depuis 1972, est en passe d'être fermée d'ici juin 2006. Employant 1200 salariés à l'origine, le site n'en compte plus que 480. Michelin projette de transférer la production dans l'usine de Joué-lès-Tours, avec comme perspective pour les travailleurs des préretraites, des mutations vers les autres usines du groupe ou le licenciement en cas de refus. Devant le mutisme de la direction quant aux conditions dans lesquelles se ferait ce transfert, le personnel ouvrier a bloqué l'usine pendant trois jours.

C'est de l'équipe du matin que le mouvement est parti, mardi 11 octobre. Dans l'optique d'une baisse programmée de la production en vue de la fermeture, la direction voulait supprimer le travail de la nuit du vendredi et celui du samedi matin pour les semaines suivantes, en imposant la perte de quatre jours de congé pour les salariés. Ce sale coup, venant dans un climat d'incertitude qui pèse depuis plusieurs mois, a été un facteur déclenchant. Les grilles d'entrée de l'usine ont été soudées afin de bloquer le site. Les autres équipes ont rejoint le mouvement qui a rassemblé tous les ateliers, soit près de 400 ouvriers.

Depuis l'annonce de la fermeture de l'usine en juin, la direction refuse de négocier des améliorations pour les mesures d'accompagnement, dans le cadre de ce qu'elle appelle le plan de sauvegarde de l'emploi. Par ailleurs, aucun calendrier n'est défini pour celui-ci. Certains travailleurs ont 30 ou 35ans d'ancienneté sur le site. En outre, dans le passé, lorsque l'usine de Joué-lès-Tours voyait son activité réduite, des salariés avaient dû déménager à Poitiers qui était alors en plein développement. C'est un véritable ras-le-bol qui s'est exprimé devant le mépris de la direction. Michelin a les moyens de payer pour les bouleversements qu'il impose à des familles ouvrières!

Le directeur du site de Poitiers, Cambazar, qui dirige également l'usine de Tours, a refusé de rencontrer les salariés, se contentant d'envoyer son directeur du personnel. Ce dernier, qui ne voulait pas discuter en présence des ouvriers rassemblés devant les grilles de l'usine, a dû rester dehors.

L'occupation s'est poursuivie, jour et nuit, et le Bibendum, le symbole de Michelin qui du haut de ses cinq mètres dominait la nationale voisine, est parti en fumée sur la route. Les pompiers, appelés par la direction pour éteindre les feux de palettes et de pneus, ont refusé de le faire et ont versé 150euros aux grévistes.

L'après-midi du 13 octobre, un médiateur de la Direction départementale du travail et de l'emploi, nommé par le préfet, organisait une réunion entre les représentants syndicaux, une délégation de salariés et le directeur, qui a bien été contraint de venir à Poitiers. Celui-ci a lié l'ouverture de négociations au libre accès de l'usine.

Tout cela a été discuté en assemblée générale et, si la reprise du travail a été votée pour le lendemain, la satisfaction d'avoir montré sa colère face à la direction dominait parmi les ouvriers. Il y a fort à parier que les prochaines négociations se feront sous le contrôle des ateliers.

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