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Leur société
Logement social : Une source de profits comme une autre
L'appellation de «logement social» ou de «logement HLM» désigne des logements destinés aux familles de la population laborieuse disposant de petits revenus. Les meilleurs d'entre eux peuvent être occupés par des familles de la petite-bourgeoisie aisée, tandis que les plus anciens et les plus mal situés sont occupés par les familles les plus dépourvues de moyens, et parfois laissés à l'abandon, en attente d'une démolition éventuelle.
Ceux qui occupent actuellement des logements HLM ont des situations diverses. Mais globalement, seule une minorité de familles est locataire d'un logement de ce type, c'est-à-dire paye un loyer encadré, généralement moins élevé que celui du marché: les logements de type HLM ne représentent en effet que 17% des résidences principales louées dans ce pays. Cela est notoirement insuffisant par rapport aux besoins en logements confortables et bon marché pour la population à faibles revenus, qui ne peut pas accéder à des logements au prix du marché libre.
Au total, au début de l'année 2003, le nombre de logements qualifiés de sociaux s'élevait à un peu plus de 4 millions tandis que la demande insatisfaite, elle, se maintenait à environ un million. La demande n'a pas baissé tandis que la construction de logements de ce type a chuté: en 1994, 89000 logements avaient été construits, ce qui était très peu en regard de la demande. Mais depuis 1999, la construction sociale stagne aux environs de 43000 nouveaux logements par an.
Les offices publics HLM ou OPAC, qui dépendent des départements, des municipalités, des communautés d'agglomération, n'ont en règle générale pas d'objectif de rentabilité. Leurs immeubles abritent souvent les familles les plus modestes. S'ils ne possèdent parfois pas les moyens d'entreprendre des rénovations lourdes, de faire face à l'entretien de leurs logements et les laissent se dégrader, ces offices sont aussi les plus tolérants en ce qui concerne les retards de loyers, parfois importants, et ils n'expulsent que rarement.
Le nombre de logements représentés par ces offices est très insuffisant, d'autant plus qu'ils ne construisent que très peu de nouveaux immeubles. Leur parc représente au total quelque deux millions de logements et ne se renouvelle pas. Il n'augmente pas non plus parce que les collectivités locales ne possèdent ni les fonds suffisants ni vraiment la volonté politique d'agir pour imposer la construction de logements pour les familles populaires. En revanche, lorsque les industriels du bâtiment entrevoient une perspective de faire fructifier leurs capitaux en construisant des logements, y compris sociaux, ils n'hésitent pas.
Ainsi, à côté des offices, il existe aussi des sociétés anonymes, des sociétés coopératives, des sociétés d'économie mixte, toutes qualifiées d'HLM, ainsi que toute une kyrielle de sociétés, souvent filiales de grands groupes immobiliers, qui construisent elles aussi du logement dit social et cherchent à en tirer profit.
Depuis août 1953, l'obligation légale faite au patronat de participer à la construction des logements de leurs salariés s'est traduite par le versement d'environ 0,45% de la masse salariale à un organisme collecteur, sous contrôle des entreprises cotisantes, tenu de faire construire pour les salariés, ou bien par la création de filiales immobilières se chargeant elles-mêmes de construire. Mais à côté de logements répondant aux critères de logements sociaux, rien n'interdit à ces sociétés de lancer la construction de logements à loyer libre, en particulier dans les quartiers de rénovation urbaine, au titre du respect de la mixité urbaine et sociale chère à Borloo. Depuis l'année 2000, l'obligation théorique faite aux communes de disposer d'au moins 20% de logements sociaux n'a rien changé à la pénurie de logements correspondant aux besoins des familles populaires. En revanche, elle a permis à quelques programmes immobiliers d'être vendus au prix fort à des investisseurs, bénéficiant d'avantages fiscaux importants sous prétexte qu'ils allaient louer leurs biens dans le cadre des locations «sociales». Les promoteurs immobiliers veulent bien construire du «social» mais à condition qu'ils puissent le vendre ou le louer à un prix qui leur rapporte des profits abondants...