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Leur société
Un logement c’est un droit !
En région parisienne, le gouvernement poursuit les expulsions de locataires et de squatteurs d'immeubles insalubres, mais aussi d'immeubles ne présentant pas de dangers imminents, comme vendredi 30 septembre un hôtel de l'avenue Jean-Jaurès dans le XIXe. D'ailleurs la plupart des douze évacuations parisiennes de septembre ont concerné des immeubles visés par des spéculations immobilières, et les interventions policières ont remplacé et accéléré les procédures judiciaires en cours des promoteurs.
Aucun projet de relogement stable n'est prévu pour les familles expulsées, si ce n'est celles des immeubles frappés par des incendies cet été. Juste une semaine ou deux d'hôtel, et après, à elles de se débrouiller pour payer les 1000 ou 1500 euros mensuels pour garder leur chambre! Cela signifie avoir à rechercher un hébergement provisoire chez des amis ou de la famille pour éviter d'être à la rue.
Pour cette raison, des expulsés veulent rester groupés, refusent la semaine d'hôtel, quitte à camper dans des squares ou des gymnases, voire dans la rue comme ceux du passage Lepeu dans le XIe, arrondissement de Paris, tant que les pouvoirs publics ne leur proposent pas de vrais logements.
En ce soixantième anniversaire des ordonnances de 1945 sur le droit de réquisition des logements vides par les préfets en cas d'urgence, on constate combien, derrière les discours et les larmes hypocrites, ce gouvernement, comme ses prédécesseurs, n'a aucune volonté politique d'appliquer cette loi.
Alors que les sans-logis sont des centaines de milliers dans notre pays, l'association Droit au Logement chiffre à deux millions le nombre de logements vides (dont 130000 à Paris). Les préfets disposent même des adresses des propriétaires qui choisissent de payer la taxe dérisoire sur les logements inoccupés durablement, plutôt que de les louer (rien qu'à Paris il y en a 40000).
Certes, les réquisitions ne pourraient répondre que provisoirement aux situations d'urgence, très nombreuses: la Fondation Abbé-Pierre recense 85000 SDF (de plus en plus jeunes) et 800000 personnes privées de domicile personnel.
Car ce qui serait vital et nécessaire, c'est la construction massive de logements pour les millions de travailleurs et leurs familles qui, faute de moyens financiers suffisants, n'ont que des logements précaires et surpeuplés. Des millions de familles pauvres, de salariés en emplois précaires, de chômeurs, de travailleurs au smic n'ont même pas la possibilité d'entrer dans les logements HLM les plus «sociaux», dit d'insertion (PLAI).
Même la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain), sur l'obligation de construire 20% de logements sociaux dans toutes les communes importantes n'est pas appliquée. Ce n'est pas seulement Neuilly ou Le Raincy, ce sont 742 communes concernées qui n'atteignent pas ce pourcentage, cinq ans après la loi! Il faut dire que cette loi Gayssot-Besson n'est pas très contraignante, puisqu'elle prévoit beaucoup de délais, et une amende très modique de 152 euros par logement manquant.