Tapie contre le Crédit Lyonnais : Une bagarre de requins06/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1940.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Tapie contre le Crédit Lyonnais : Une bagarre de requins

Bernard Tapie vient de gagner le procès qui l'opposait depuis douze ans au Crédit Lyonnais à propos de la vente de l'entreprise Adidas. L'organisme chargé de liquider les nombreuses dettes et litiges de la banque -c'est-à-dire les contribuables- devra lui payer 135 millions d'euros.

Tapie avait chargé en 1992 le Crédit Lyonnais de vendre cette entreprise d'équipements sportifs dont il était propriétaire. Mais cette banque ne lui avait versé, nous dit-on, que la moitié du montant réel de la vente. Trois ans plus tard, comme par enchantement, Adidas valait quatre fois ce que Tapie avait touché. Le joueur avait été joué, même si au bout du compte la justice a tranché en sa faveur.

La reprise d'Adidas en 1990 n'avait été pour Tapie que le dernier épisode faste d'une longue série de rachats et de ventes d'entreprises. De Manufrance à Wonder, en passant par Testut ou Marie-Claire, il avait obtenu en dix ans, souvent pour un franc symbolique, des dizaines d'entreprises en difficulté à qui il redonnait un coup de neuf en y licenciant en masse, et dont il se débarrassait ensuite avec bénéfice. De cette façon, il avait pu se payer Adidas.

Dans le monde des affaires où les aigrefins et les truands respectables sont pourtant légion, Tapie avait la réputation du parvenu avec lequel on ne tient pas trop à se mélanger. Endetté depuis des années, Tapie ne s'est pas pour autant retrouvé à la rue et a pu conserver son hôtel particulier parisien et un train de vie respectable.

Dès l'annonce du résultat du procès, Tapie, reconverti ces dernières années dans le théâtre et le cinéma, a laissé entendre qu'il pourrait faire un retour en politique et «être utile». Mais à qui, à part sans doute à lui-même?

Car ce monsieur, en même temps qu'il brassait des affaires en tous genres, avait été le chouchou de la gauche gouvernementale et de Mitterrand, qui avait intronisé ministre de la Ville celui qu'il décrivait comme «l'homme sorti du peuple». Le Parti Socialiste alors au pouvoir appelait ouvertement les riches à s'enrichir et à faire des affaires. Il disait qu'il fallait opérer «la réconciliation du socialisme avec la Bourse», selon les termes du Premier ministre socialiste Bérégovoy, avec lequel Tapie se retrouva au gouvernement. Dans ce domaine, comme porte-enseigne, Tapie convenait à merveille.

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