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Leur société
PCF : Un débat loin des enjeux
Une semaine après le Conseil national du PCF qui avait, pour la première fois, évoqué la possibilité que le parti ne présente pas son propre candidat à l'élection présidentielle de 2007, la discussion s'est poursuivie à l'occasion de ses journées parlementaires, dans le Nord.
Les élus du PCF (22 députés à l'Assemblée nationale, 23 sénateurs, et 3 députés au Parlement européen) se sont divisés sur cette question. Aucun ne se prononçait nettement pour que le PCF choisisse ainsi de s'effacer en 2007 - l'échéance est encore trop lointaine - mais certains sont revenus à la charge, pour évoquer cette hypothèse. Certains défendaient la nécessité que le PCF ait coûte que coûte son candidat, parmi lesquels Maxime Gremetz, député de la Somme, André Gérin, député du Rhône. D'autres comme Patrick Braouezec, député de Seine-Saint-Denis, et surtout Marie-George Buffet, se sont montrés moins déterminés. La secrétaire nationale du parti a une nouvelle fois expliqué: «Je ne suis pas pour une candidature pour la candidature... J'ai la conviction qu'il faut une candidature communiste pour quelque chose», ajoutant qu'il fallait que le PCF fasse la démonstration à ses alliés qu'un candidat issu de ses rangs serait «utile».
Encore faut-il s'entendre sur ce que Marie-George Buffet considère comme «utile» à ses alliés. Sur le seul plan de l'arithmétique électorale, l'utilité d'un candidat communiste n'est pas évidente. Elle peut même contribuer à ce qu'il n'y ait pas de candidat de gauche présent au second tour, comme cela s'est produit en 2002, et du coup reporter pour au moins cinq ans l'espoir pour le PCF de négocier des postes de ministres dans un gouvernement dirigé par le PS. Et en ce qui concerne les intérêts de leur parti, et leur intérêt pour les fonctions électives, certains dirigeants du PCF hésitent à se soumettre à l'épreuve de ce scrutin. Celui-ci peut démontrer la faiblesse de son influence électorale, faiblesse qui peut se trouver accentuée par la logique électoraliste du vote dit «utile», renforcée par le souvenir de 2002.
Les dirigeants du PCF limitent leurs ambitions à des objectifs électoraux et essaient donc de se démener dans ce dilemme: ou bien leur candidat obtient un résultat honorable, en progression, mais risque du coup de provoquer l'élimination du seul allié qui puisse lui ouvrir la porte du gouvernement, ou bien il risque la marginalisation électorale. Du coup, certains sont tentés de sortir de cette contradiction en se dérobant, ce qui revient à réaliser «l'union de la gauche» dès avant le premier tour, sans même avoir la garantie d'être payés en retour.
Ce ne serait pas la première fois, depuis que le président de la République est élu au suffrage universel, que le PCF ne présenterait pas de candidat à cette élection. Ce fut le cas en 1965, lorsque le PCF se rallia dès le premier tour à la candidature de Mitterrand; puis de nouveau en 1974, au profit du même Mitterrand.
Il faudra attendre mars 2006, c'est-à-dire son prochain congrès, pour que le PCF fasse le choix de son candidat, ou le choix de ne pas en avoir. Mais tout se passe aujourd'hui comme si ses dirigeants préparaient le terrain à cette éventualité.
Mais, que ce soit avant le premier tour ou au deuxième, les dirigeants du PCF préparent la réédition de «ce qui avait échoué», de leur propre aveu, entre 1981 et 1984 puis entre 1997 et 2002. C'est-à-dire qu'il s'apprêtent à se mettre à la remorque des dirigeants socialistes, qui sont tout sauf des représentants des intérêts du monde du travail et des classes populaires.
Il y aurait une autre perspective à offrir que celle qui consiste à s'engouffrer dans l'impasse électorale. Ce serait de préparer les luttes des travailleurs, pour permettre à un moment ou un autre de renverser le rapport de forces entre les exploités et leurs exploiteurs et leurs valets gouvernementaux, que l'on trouve à droite mais aussi à gauche.
Mais, à cette perspective-là, les dirigeants du PCF préfèrent la voie électorale... vers de nouveaux déboires, pour eux -et cela les regarde- mais aussi, malheureusement, pour les classes populaires qui leur font confiance.