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Dans les entreprises
La Poste CTC-Créteil (Val-de-Marne) : Le progrès à reculons
Il y a un an, La Poste présentait comme une avancée sociale l'affectation de quatre personnes au lieu de trois sur certaines machines de tri: les TPF (pour tri petit format). Au centre de tri de Créteil, en banlieue parisienne, nous sommes bien placés pour voir ce que recouvre ce "progrès".
Au départ, cette mesure était destinée, au même titre que le versement de deux primes exceptionnelles de 150 euros, à donner un aspect présentable à l'accord "sur le dialogue social" que La Poste proposait aux syndicats. Cet accord s'appliquait à la branche courrier, qui regroupe les facteurs et les centres de tri (les services de guichets, les colis et les services financiers constituant à présent des branches distinctes).
Il s'agissait à l'époque pour La Poste de définir un cadre de négociation pour discuter "positivement" de son projet de restructuration de l'ensemble des centres de tri et de distribution, projet qui prévoyait la suppression de dizaines de milliers d'emplois dans les années suivantes.
Au centre de tri de Créteil, la direction nous avait présenté la mouture locale de cet accord: il s'agissait selon elle "d'améliorer les conditions de travail du personnel" mais aussi "d'optimiser l'utilisation des machines".
On a vite compris ce que cela veut dire concrètement: il y a peut-être quatre salariés sur les TPF, mais il n'est plus question d'arrêter la machine pour préparer les chantiers de tri successifs, par exemple selon que le courrier arrive dans le département ou qu'il en parte. Le quatrième agent s'occupe de disposer et d'étiqueter le matériel pendant que les trois collègues font tourner la machine... comme avant.
Et puis il faut faire de plus en plus de tâches supplémentaires, de contrôles, etc. Si bien que, contrairement à ce qu'on espérait, le renfort d'un quatrième agent n'allège en rien le travail. Bien au contraire, il est plus intense.
La meilleure démonstration en est que les "décaseurs" -les agents qui vident les cases de courrier au fur et à mesure du fonctionnement de la machine- sortent trois ou quatre liasses à la fois, comme avant, au risque de se coincer les doigts dans les courroies. Leurs conditions de travail ne se sont pas améliorées, et ils continuent de souffrir de tendinites, surtout s'il s'agit de certains formats de courrier publicitaire, peu pratiques.
La dernière trouvaille, toute récente, c'est qu'on doit noter tous les micro-arrêts -les arrêts inférieurs à dix minutes, comme les bourrages de courrier- afin qu'un futur groupe "action" trouve des solutions permettant que la machine ne s'arrête jamais.
De là à penser que La Poste compte "optimiser" davantage l'utilisation des machines, c'est-à-dire augmenter encore l'intensité du travail, il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à lettre.