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Leur société
Hewlett-Packard : La vraie-fausse indignation de Villepin
"Il serait normal que Hewlett-Packard rembourse les aides publiques spécifiques dont le groupe a pu bénéficier", a déclaré Villepin au quotidien Les Echos. Et il a ajouté: "Chacun a un devoir vis-à-vis de la collectivité: ceux qui reçoivent des aides publiques doivent respecter les obligations qui les accompagnent." Bel exercice de vraie fausse colère du Premier ministre, qui n'a aucunement l'intention de durcir les conditions d'attribution des aides de la collectivité aux entreprises, pas plus qu'il n'a vraiment l'intention de se doter des moyens d'obtenir leur restitution. Il cherche seulement à faire un numéro.
De son côté, Hewlett-Packard (HP) affiche clairement la couleur en affirmant "ne pas avoir reçu d'aides publiques". Formellement, c'est la vérité. Car lors de son extension dans la région grenobloise en 1998, le Conseil général avait d'abord donné 648000 euros à la communauté urbaine de l'Isle-d'Abeau pour qu'elle réduise le prix du terrain où HP voulait s'implanter, puis 610000 à la ville d'Eybens pour qu'elle améliore le réseau routier desservant l'entreprise. HP n'a donc rien touché... directement.
Pour les politiciens, aussi bien ceux de droite que ceux de gauche, qui réclament aujourd'hui un contrôle plus strict de l'utilisation des subventions aux entreprises (disons plutôt au patronat), il faudrait que ces entreprises maintiennent l'embauche pendant cinq ans. HP a semble-t-il créé les emplois promis et les a maintenus cinq ans. Même cette loi n'empêcherait vraisemblablement pas une entreprise comme HP de toucher l'argent, d'exploiter son personnel autant qu'elle le peut, puis de fermer si elle estime que c'est plus rentable. C'est le droit à la propriété et à sa libre disposition sur quoi repose l'économie capitaliste. Et ni Villepin ni aucun autre n'ont l'intention de limiter la marge de manoeuvre des patrons, bien au contraire. Leur credo, c'est la libre entreprise. Et quand l'État ou les collectivités locales les subventionnent, c'est cadeau.
Quand il était Premier ministre et que Renault voulait fermer son site de Vilvorde, Jospin avait déclaré que "ce n'est pas le gouvernement qui décide" et que "nous ne sommes plus dans une économie administrée", il ne s'était pas donné la peine de faire semblant d'être contrarié, pas plus d'ailleurs que face aux licenciements chez Michelin.
Et pourtant, s'agissant d'entreprises bien françaises, souvent beaucoup plus soutenues par l'État que ne l'a été HP, les possibilités de contraindre les patrons sont nombreuses. Même dans le cas de Hewlett-Packard, si l'État avait une volonté réelle de récupérer son million d'euros de subventions, il ne serait pas difficile de bloquer les comptes bancaires de l'entreprise et de l'obliger à payer. Mais il se contente de discours mystificateurs.