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Dans le monde
Bush contre la pauvreté ? : Des paroles en l'air !
"Les États-Unis sont déterminés à aider les nations qui sont en lutte contre la pauvreté. (...) C'est un objectif ambitieux qui prévoit de diviser par deux la pauvreté et la faim, pour assurer que chaque garçon et fille de ce monde aura accès à l'éducation primaire, et pour mettre fin à l'épidémie de sida, tout cela d'ici 2015", a déclaré Bush devant l'assemblée des Nations unies, le 14 septembre, lors de la commémoration de ses soixante ans d'existence.
Bush a aussi invité l'ONU à une lutte commune contre différentes maladies infectieuses, évoquant un partenariat international sur la grippe aviaire. Il a évoqué la dette des pays pauvres, émit le voeu que les institutions financières proposent désormais des dons plutôt que des prêts aux pays pauvres. Et il a même envisagé de supprimer subventions et barrières douanières sur les produits agricoles, non pour faciliter la tâche des exportateurs nord-américains, mais pour tirer, selon lui, "des centaines de millions de gens de la misère dans les quinze prochaines années". Toutefois, les États-Unis ne passeront à l'acte que si les autres États en font autant. Le marché nord-américain doit rester protégé!
Quand on sait que la mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 0,3% en Suède contre 28,4% en Sierra Leone, ou encore que l'accès à l'eau potable est de 100% en Allemagne et de 34% seulement au Cambodge, il y a effectivement fort à faire pour sortir le monde de la pauvreté. Mais le moins qu'on puisse dire c'est que Bush n'est pas prophète en son pays. Le nombre de Nord-Américains vivant dans la pauvreté atteint en effet 12,7% en 2004. De 2003 à 2004, 800000 personnes ont perdu tout accès à l'assurance maladie, portant le nombre de personnes sans assurance-maladie à 45,8 millions. Enfin, 20% des enfants américains vivent dans la pauvreté, un pourcentage identique à celui du Mexique. Le taux de mortalité infantile a recommencé à augmenter, plaçant les États-Unis au même niveau que la Malaisie, et même en dessous de l'État du Kerala (Inde).
Quant à "la lutte contre la pauvreté", les États représentés à l'ONU ont d'autant moins l'intention de la mener réellement qu'ils sont là avant tout pour permettre à leurs privilégiés de s'enrichir encore plus. Un délégué indonésien résumait ainsi la stérilité de l'action de l'ONU: "On fait des déclarations, on rédige des papiers. Si les pauvres pouvaient manger ces papiers, tout irait bien. Mais rien de ce qui se fait ici ne va aux pauvres."