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- Lutte ouvrière n°1939
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Leur société
Arrêts maladie : Les abus viennent des patrons et de l'État
Les autorités peuvent être satisfaites: les indemnités journalières pour arrêts maladie ont diminué de 3,4% pour la période janvier-juillet, par rapport à la même période de l'an dernier. Jusqu'alors elles étaient en constante augmentation.
L'an dernier Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, avait mis au point un "dispositif de lutte contre les arrêts maladie abusifs et injustifiés", en prévoyant des amendes contre les médecins jugés trop complaisants, en accroissant le nombre de contrôles des malades, etc.
Et pourtant il s'avère qu'il y a très peu d'abus, en tout cas très peu qui relèvent des salariés eux-mêmes.
Ainsi la patronne d'un organisme privé de médecins-contrôleurs, qui agissent à la demande du patronat, estime que les fraudeurs sont "entre 5 et 6% des personnes présentes lors du contrôle". Autrement dit, même selon elle, environ 95% des salariés en arrêt maladie sont bel et bien malades.
Seulement il y a un autre abus, qui est rarement dénoncé et qui, lui, ne donne pas lieu à des contrôles médicaux. C'est celui des salariés qui sont contraints de travailler alors qu'ils sont malades, ou pas vraiment rétablis à la suite d'une maladie, à cause d'un arrêt médical trop court, par exemple.
Et là on dépasse sans doute largement les 5 à 6% de salariés ainsi contraints de "frauder" à cause de la pression patronale. C'est évidemment la crainte du licenciement et du chômage qui oblige nombre de salariés à venir au travail, même en étant malades ou pas rétablis. Et les patrons font d'autant plus pression pour éviter les arrêts maladie que, si la Sécurité sociale paye les arrêts maladie à partir du 4e jour, les employeurs devraient quant à eux payer dès le premier!
C'est cette même situation qui, dans un domaine différent, amène nombre de patrons à demander à leurs salariés de ne pas déclarer les accidents du travail.
Alors il n'y a pas trop d'arrêts maladie, il n'y en a sans doute pas assez, dans cette société folle où l'on oblige des malades à travailler, alors que des millions de chômeurs sont inemployés!