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Dans les entreprises
Terreal (Charente) : Grève pour les salaires
Les travailleurs du groupe Terreal, qui compte quatorze sites dans le pays, notamment ceux de l'usine de tuiles de Roumazières, au nord de la Charente - 700 travailleurs -, ont fait six jours de grève pour obtenir leur part de la plus-value de 346 millions d'euros que le fonds financier Carlyle réalisait en revendant pour la somme de 860 millions d'euros au fonds financier LBO des usines qu'il avait achetées 470 millions d'euros il y a deux ans à Saint-Gobain.
Cette plus-value à la revente est liée fondamentalement aux profits d'exploitation générés par les entreprises de Terreal.
En apprenant qu'ils étaient de nouveau revendus, et à quel prix, la colère montait : à la crainte que le changement de propriétaire ne menace l'emploi, s'ajoutait l'indignation d'apprendre que la prime d'intéressement ne serait que de 200 euros, alors que la plus-value de Carlyle était mirifique. Les ouvriers avaient aussi sur l'estomac le fait que les patrons avaient refusé une misérable rallonge de 0,2% en avril, au motif que " cela allait mettre la société en péril " !
Devant des travailleurs très remontés, " un peu pour tout ", disait une ouvrière, l'intersyndicale mettait en avant que la prime soit portée à 1 300 euros et que les salaires soient augmentés dans le cadre d'une révision de la grille des salaires " décidée unilatéralement ". Ils demandaient aussi la prise en charge de la journée de solidarité avec les personnes âgées.
Le jeudi 8 septembre, la grève illimitée, très majoritaire, était décidée, l'entrée des poids lourds bloquée. Le 13, deux cents personnes rassemblées aux portes de l'usine allaient bloquer la nationale Limoges-Angoulême, créant un gros bouchon. À Paris, les négociations s'engageaient entre des syndicalistes des différents sites et les représentants des actionnaires.
Mardi soir, 13 septembre, après six jours de grève, les syndicats signaient un protocole d'accord avec le secrétaire général de Terreal : la direction concédait, outre les 200 euros, une prime exceptionnelle de 300 euros, une augmentation supplémentaire des salaires de 1% et l'étalement sur quatre mois des retenues pour grève qui pourront être décomptées des jours de RTT.
À Roumazières, des réticences s'exprimaient parmi certains syndicalistes et des travailleurs qui estimaient que " le compte n'y était pas " au vu de ce qui était demandé au départ. Mais la crainte d'être isolés dans le groupe l'emportait.
Un tel mouvement de grève est du jamais-vu à Terreal, et il reste la satisfaction d'avoir exprimé sa colère et obtenu quelques concessions de dirigeants qui avaient baissé le ton par rapport à leur suffisance habituelle.