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Dans le monde
Russie - les cosaques : Pour dieu, le tsar et Poutine
Le rassemblement annuel des " représentants des cosaques ", qui a eu lieu à Rostov, dans le sud de la Russie, semble ramener à la surface un passé qu'on croyait révolu.
Au temps des tsars, en échange de certaines libertés personnelles et collectives, ces paysans-soldats avaient la charge de défendre le régime et ses frontières, et si possible de repousser celles-ci toujours plus loin.
La révolution d'Octobre 1917 ayant réussi à rallier à elle la majorité des cosaques, ce corps de mercenaires disparut en tant que tel, avec le régime dont il avait été un des piliers. Mais, après la disparition de l'URSS, le régime d'Eltsine se mit à encenser de plus en plus ouvertement un fatras de vieilleries réactionnaires ressorties des malles de la " sainte Russie " : le tsar, la religion et, dans certaines régions, les cosaques.
Depuis 1991, on a ressorti (ou refait faire) de vieux uniformes cosaques, pour en habiller ceux (peu nombreux) à qui cela pouvait plaire. Ici ou là, cela a servi de couverture à des groupes d'extrême droite, qui ont parfois créé des sortes de milices de supplétifs de la police locale, voire envoyé certains de leurs membres guerroyer en Tchétchénie depuis une bonne dizaine d'années.
Cette année la réunion de Rostov, qui tient à la fois de la fête folklorique, du défilé religieux et de la parade militaire, avait lieu au moment où le Parlement russe se propose de recréer un " statut cosaque ". Ce qu'il sera, nul ne le sait. Mais on peut deviner qu'il officialisera les fonctions de police que remplissent déjà des " patrouilles " cosaques dans certaines régions. Il est même question d'envoyer des cosaques en Tchétchénie, mais rien ne dit que cela tente beaucoup de monde. En revanche, on peut parier que cela fournira à Poutine et à son régime une nouvelle occasion d'exalter le patriotisme, l'armée russe, la vocation qu'aurait la Russie éternelle à s'imposer à ses voisins, notamment la Tchétchénie, proche de Rostov, et d'autres régions du Caucase ex-soviétique.
Un cosaque bardé de décorations, interrogé sur TF1, jurait qu'on allait rétablir la renommée des cosaques, derniers défenseurs des tsars, et l'honneur des généraux des armées blanches. On ne sait pas si, avec cette alliance du sabre et du goupillon bénie par le Parlement russe, Poutine s'en portera mieux. On peut juste constater que la " cosaquerie " n'a pas vraiment porté chance à son dernier protégé, un certain Nicolas II...