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- Lutte ouvrière n°1938
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Ile de La Réunion - Sans-logis et mal-logés : Une situation scandaleuse
À la Réunion, l'association Momon Papa Léla et une dizaine de familles sans logement ont, tour à tour, occupé symboliquement une maison de fonction non habitée à La Montagne, destinée aux cadres de la société Cinor, l'hôtel Armony à Saint-Benoît, et des logements vides à La Rivière-du-Mât. Ils ont voulu, par leurs actions, protester contre le manque de logements dans l'île, en particulier pour les plus pauvres.
Apostrophés par l'association, la présidente du Conseil général, Nassimah Dindar, ainsi que plusieurs maires n'ont pu dans leurs réponses que décrire une situation préoccupante, pour ne pas dire alarmante. Il y aurait à la Réunion 25000 demandes de logements sociaux en souffrance. Autrement dit, 80000 personnes seraient dans l'attente d'un logement, soit plus de 10% de la population, puisque l'île compte 750000 habitants.
Concernant la construction des logements, il faudrait en construire 10000 à 12000 par an pour satisfaire les besoins de la population. Mais chaque année, on en construit à peine 4000.
Et même si aujourd'hui Nassimah Dindar fait mine de s'insurger contre des propriétaires et des promoteurs immobiliers qui profitent des mesures de défiscalisation contenues dans la loi programme, en faisant construire des immeubles haut de gamme ou des bureaux qui restent inoccupés, elle n'est pas exonérée de ses responsabilités. D'autant que les mesurettes qu'elle propose sont, ni plus ni moins, des aides destinées à ceux-là mêmes qui sont la cible de son dernier courroux !
Elle propose en effet de céder ou de vendre à bas prix, aux promoteurs, des terrains dont la collectivité est propriétaire. En contrepartie, ceux-ci devraient vendre les logements à des prix modérés. Autre mesure : verser aux propriétaires-bailleurs 6000 euros par logement construit, dans la limite de 1000 logements ; ou bien encore, les soutenir à hauteur de 20% pour l'acquisition du foncier.
La " chasse " aux logements vides préconisée par Nassimah Dindar consiste donc à aider les propriétaires aux frais du département et des contribuables.
Ce n'est donc pas demain que les jeunes qui désespèrent chez leurs parents, que les occupants de maisons insalubres ou les personnes sans logis auront un toit digne de ce nom. Dans de telles conditions, rien d'étonnant à ce que certains tombent dans les serres de marchands de sommeil sans scrupules, qui se frottent les mains et remplissent leurs portefeuilles en faisant payer jusqu'à 450 euros par mois pour un taudis. D'autres encore squattent des locaux vides, souvent insalubres, mettant leur vie en danger. Un récent incendie à Saint-Pierre en est une malheureuse illustration.
Dans ce monde où les besoins ne sont pas pris en compte, où l'on ne construit que pour ceux qui ont les moyens de payer, il faudra bien que la population s'en mêle, pour imposer de vraies mesures afin que personne ne soit à la rue.