Le résultat des élections en Allemagne agite les milieux politiques français : 2007 n'est pas loin et chacun cherche à voir dans la boule de cristal des élections allemandes l'avenir de son parti ou de son siège de député, sans oublier le fauteuil présidentiel.

Au Parti Socialiste, certains ont trouvé des réponses toutes prêtes.

Pierre Moscovici, ancien ministre et fidèle de Strauss-Kahn, interrogé par Libération, affirme que si Schröder n'a pas gagné les élections c'est que " la responsabilité du Linkspartei d'Oskar Lafontaine est directe et complète dans l'échec de la gauche ". Quant à reconnaître la responsabilité de la politique antiouvrière de Schröder dans cette défaite électorale, il n'en est pas question. Pourtant, si un cinquième de l'électorat de gauche a préféré voter pour le Linkspartei plutôt que pour le Parti Social-Démocrate, ce n'est pas sans raison. Et Lafontaine n'a fait que recueillir les voix de ceux qui ne voulaient plus voter Schröder.

Moscovici se contente de dire qu'il est nécessaire de " proposer et conduire des réformes populaires ", sous-entendant ainsi que celles des socialistes en France le seront davantage. Pourtant il y a peu Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée, faisait l'éloge de Schröder et de ses réformes qui, " en matière de retraites, d'assurance-maladie, de couverture sociale, assurent une sécurité durable à tous vos concitoyens " !

Quand il s'agit de tirer le bilan d'un échec, le Parti Socialiste est passé maître dans l'art de l'esquive : on l'a vu en 2002, où l'union sacrée derrière Chirac et des attaques contre la division à gauche lui ont servi à camoufler les responsabilités que la politique menée par Jospin avait eues dans l'élimination de celui-ci. Les élections allemandes lui donnent une occasion de récidiver sur le thème " Votez utile " et " Pas de division à gauche ". À défaut de faire voter sur un programme pour les travailleurs, qu'il ne fait même plus semblant de proposer, le Parti Socialiste agite un épouvantail.