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Leur société
Basse-Normandie : Plein d'argent dans l'équestre
Le gouvernement fait de la mousse avec sa nouvelle mesure censée favoriser l'emploi : les " pôles de compétitivité ". Il s'agit là en fait d'un nouveau prétexte pour arroser le patronat avec l'argent public.
On en a une illustration en Basse-Normandie, région qui a été choisie pour y développer la " filière équestre " comme " pôle de compétitivité ". Les journaux régionaux annoncent triomphalement le milliard et demi d'euros que les pouvoirs publics devraient consacrer, dans les prochaines années, notamment à l'élevage, au cheval loisirs et au développement des entreprises. En outre, déclare le préfet de région, " des mesures fiscales d'accompagnement sont envisagées ".
On imagine sans peine à qui cet argent va aller, directement ou non : au gratin du monde équestre. Alors, pour noyer le poisson, on nous affirme que cela servira aussi à développer l'emploi, dans cette région où les sites équestres et autres haras emploient 7 500 personnes.
Eh bien, le calcul est simple : 1,5 milliard d'euros, cela représente le salaire de 7 500 smicards pendant plus de quinze ans ! C'est comme si, durant tout ce temps, l'État prenait à sa charge les salaires de tous ceux, souvent payés autour du smic, qui travaillent dans cette branche, en en dispensant les employeurs.
" Défense de l'emploi ", " amélioration de la race chevaline ", sont autant de prétextes à subventionner le monde des éleveurs et propriétaires de haras. Ainsi, le préfet de région décrit ce milliard et demi d'euros comme devant donner un " rayonnement européen " à un secteur déjà... " réputé dans le monde entier ", selon les propres mots des organisateurs de la vente de yearlings (pur-sang d'un an) de Deauville !
Lors de cette vente -l'un des trois plus grands marchés de chevaux du monde- comme chaque année à la fin de l'été, l'argent coule à flots. En 2005, le prix moyen d'un yearling a dépassé 70000 euros, et ce sont des centaines d'entre eux qui ont été vendus à Deauville.
Si, pour les salariés des haras, l'argent ne se ramasse pas sous les sabots d'un cheval, pour leurs employeurs, la filière équestre, c'est bien moins aléatoire que le tiercé. Et cela rapporte gros, sans aucun risque, surtout quand l'État fournit le picotin.