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Leur société
Un "bouclier fiscal"pour protéger les riches
Les ministres de l'Économie et du Budget, Thierry Breton et Jean-François Copé, viennent de donner les précisions sur la réforme des impôts qu'ils ont concoctée pour 2007. Elle comporte l'instauration d'un "bouclier fiscal", limitant les impôts versés par les plus riches, et la réduction du nombre de "tranches" fiscales, qui passera de 7 à 4.
"L'impôt est beaucoup trop compliqué: sept tranches", ont-ils expliqué. Ils oublient de dire que la diminution du nombre de tranches fera diminuer l'impôt pour les hauts revenus, et de manière très importante en valeur absolue pour les très hauts revenus, puisque la tranche maximum concernant les plus riches passera de 48,09% à 40%.
Toujours en faveur des mêmes, les ministres ont décidé d'instaurer un "bouclier fiscal": le total des impôts directs -impôt sur le revenu, impôts locaux, impôt sur la fortune- ne pourra pas dépasser 60% du revenu annuel.
Mais cela n'empêche pas Breton d'invoquer "la justice" pour se justifier. Il se fait l'avocat des commerçants "qui ont un problème", des artisans "qui ont fait une mauvaise année" ou de l'employé "qui se retrouve au chômage". Dans certains cas, s'indigne le ministre, ils se retrouvent à payer plus d'impôt que ce qu'ils gagnent. Eh bien, avec la réforme du gouvernement, ils pourraient demander d'être remboursés en partie. En réalité, Breton prend quelques cas réels, mais particuliers. De la même façon, la télévision s'est appesantie sur le problème d'une vieille dame, propriétaire à l'île de Ré, assujettie à l'impôt sur la fortune.
Mais à quand des reportages qui étaleraient de façon aussi précise des chiffres concernant les véritables bénéficiaires de la "réforme"? Des personnes qui disposent à la fois d'un patrimoine et de gros revenus -salaires de PDG, gains sur les actions, revenus des loyers sur les appartements dont ils sont propriétaires- et qui doivent bénéficier des allégements d'impôts de Breton?
Sarkozy affirme: "Il faut réformer l'impôt sur la fortune", Breton présente la même chose différemment. Il explique en effet que si un contribuable additionne l'ensemble des impôts, y compris l'ISF -l'impôt sur la fortune-, et que le total dépasse 60% du revenu qu'il déclare, il pourra aller trouver le percepteur, lui montrer ses calculs: "Celui-ci lui fera un chèque et lui ristournera la différence". Breton se croit sans doute plus intelligent que Sarkozy en déclarant: "C'est l'une des façons intelligentes, tout en préservant l'ISF, d'en corriger les excès." Les deux ministres, et néanmoins rivaux, reconnaissent l'un et l'autre que leur projet de réforme aboutit à diminuer l'ISF.
Pour une fois, le gouvernement ne ment pas quand il emploie le terme de "bouclier fiscal". Il aurait aussi pu parler de cocon fiscal pour les riches. Car c'est eux qu'il veut choyer, quelles que soient les conséquences catastrophiques que cela entraîne pour l'ensemble de la société.