Baisse du chômage... dans les statistiques04/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1931.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Baisse du chômage... dans les statistiques

Les statistiques de l'ANPE, qui annoncent une baisse de 1,4% des demandeurs d'emploi en juin, arrivent à point pour le gouvernement, qui s'en sert dans sa propagande pour dire que son action contre le chômage commencerait à avoir des effets. Sauf que ces résultats ne reflètent pas la réalité. Comme le soulignent les responsables de la CGT et de FO, ils traduisent certainement bien plus l'augmentation des radiations de chômeurs par l'ANPE qu'une baisse du nombre des demandeurs d'emploi. Les porte-parole du gouvernement se défendent d'avoir manipulé les chiffres, mais qui peut les croire? Cette pratique, tous les gouvernements l'ont utilisée, aussi bien les gouvernements de droite que les gouvernements socialistes. Impuissants à faire baisser le chômage, ils truquent les statistiques.

Le plan de Villepin pour faire reculer le chômage en cent jours ne vise pas à réduire le chômage mais à s'attaquer aux chômeurs en les contraignant à accepter n'importe quel travail, à n'importe quel salaire et dans les pires conditions. Il serait d'ailleurs intéressant de connaître parmi les 35 200 salariés qui auraient retrouvé un emploi en juin, combien il y a d'emplois précaires et mal payés et combien de chômeurs ont été tout bonnement évacués des statistiques.

Le gouvernement ne se fixe pas pour objectif d'améliorer le sort des travailleurs et des classes populaires, mais d'améliorer celui des riches et des grands patrons.

Villepin, à la veille de son départ en vacances, l'a rappelé dans une déclaration affirmant la volonté de son gouvernement de pratiquer le «patriotisme économique», en prenant des mesures destinées à «stabiliser le capital des grandes entreprises françaises» face aux visées des capitaux étrangers. Cette déclaration fait suite aux rumeurs, fondées ou fabriquées, relatives à une tentative du groupe «américain» Pepsi-Cola de mettre la main sur le trust «français» LU-Danone. Cette opposition entre le prétendu bon capitalisme français et les méchants capitalistes étrangers est totalement inventée, ne serait-ce que parce que les sociétés françaises pratiquent tout autant les achats d'entreprises à l'extérieur de nos frontières. Mais c'est une façon d'affirmer et de montrer que ce gouvernement reste un instrument de la défense des capitalistes «de chez nous». D'ailleurs Villepin a assorti sa déclaration de promesses de nouveaux allégements de la fiscalité en faveur des entreprises et des riches, incluant l'allégement de l'impôt sur la fortune (ISF). Cette promesse-là apparaît comme une véritable provocation, alors que prend effet, au 1er août, la baisse du taux de rémunération du Livret A, qui touche les malheureuses économies de ceux qui en ont encore.

Il serait illusoire de croire que cet engagement en faveur de la défense des capitalistes français aurait à voir avec la défense de l'emploi. Au contraire, toutes ces fusions, tous ces rachats d'entreprises, qu'ils se déroulent en France ou au-delà de nos frontières, se traduisent par des augmentations des actions en Bourse bénéficiant aux plus gros actionnaires, et dans le même temps par des suppressions d'emplois dont sont victimes les salariés.

Oui, les «100 jours» de Villepin vont être une offensive contre les chômeurs et contre l'ensemble du monde du travail. L'opération ne connaîtra pas de trêve estivale, puisque le gouvernement procède par ordonnances, sans même en débattre avec les députés de sa propre majorité.

C'est pourquoi, à la potion amère des ordonnances que veut prescrire Villepin, il faudra opposer la riposte de l'ensemble des salariés. Nous ne devons plus attendre d'avoir le dos au mur pour nous battre face à ces licenciements et à ces attaques. Cela nous isole chacun face à son problème, et permet au patronat et au gouvernement de passer pour les plus forts.

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