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Leur société
Travailleurs immigrés : Apprendre le français, ce devrait être un droit, pas un devoir
Le gouvernement envisage d'instaurer une nouvelle condition préalable à l'octroi des cartes de séjour: si le projet est adopté, les immigrés qui souhaitent obtenir des papiers devront d'abord apprendre le français.
La ministre chargée du dossier, Catherine Vautrin, prétend qu'il s'agit avant tout d'une mesure favorable aux immigrés eux-mêmes. Et étant aussi ministre "de la parité", elle s'adresse tout particulièrement aux femmes, déclarant il y quelques jours devant plusieurs centaines d'entre elles, venues de différents continents et en attente de papiers: "Pour pouvoir vivre votre vie en France, il faut être indépendantes, et la première condition pour cela est de parler notre langue."
Il est certain que l'apprentissage de la langue française serait positif pour tous les immigrés qui veulent s'installer en France. Nombre de travailleurs immigrés poussent d'ailleurs eux-mêmes leurs enfants à bien apprendre le français à l'école, afin qu'ils s'intègrent mieux à la société française. Et si réellement le français était enseigné à tous les travailleurs immigrés qui souhaitent vivre ici dans de bonnes conditions et gratuitement, ce serait tant mieux. Mais en fait, ce n'est pas de cela dont il est question.
Car le gouvernement n'a pas l'intention de créer des structures spécialisées et des postes d'enseignants pour apprendre le français à des hommes et des femmes adultes d'origine étrangère. Et, en ce qui concerne les enfants, le gouvernement continue à supprimer des postes d'enseignants dans les collèges et les lycées.
Alors en l'absence de moyens conséquents, les discours sur l'intégration, voire ceux sur l'indépendance des femmes d'origine immigrée qui pourraient venir de pays où elles sont opprimées, sont parfaitement hypocrites. Et subordonner l'octroi d'une carte de séjour à la connaissance du français, c'est en réalité mettre encore plus de bâtons dans les roues aux immigrés les plus démunis et leur rendre la vie plus difficile.
Au bout du compte, cette mesure répond surtout à la nécessité de plaire à l'électorat réactionnaire qui réclame des mesures contre l'immigration. Concrètement, si elle était décidée, ce serait pour constituer un obstacle de plus auquel se heurteront les immigrés qui ont déjà le plus de mal à obtenir des papiers.