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Leur société
Saint-Dié (88) : Un bassin d’emplois saccagé
Contrairement à une image répandue, le département des Vosges est un département industrialisé. Mais, plus encore que d'autres, il a connu une augmentation du chômage ces dernières années. C'est le bassin d'emplois de Saint-Dié, au nord-est du département, qui a le plus fort taux de chômage de Lorraine. Et le fait que Christian Pierret, le maire de Saint-Dié, ait été secrétaire d'État à l'Industrie sous le gouvernement Jospin a, quoi qu'il en dise, contribué à cette situation.
Les licenciements de la «crise du textile»...
Après s'être développée au 19e siècle le long de la Meurthe et de ses affluents, l'industrie textile y a pratiquement disparu. Dans la vallée du Rabodeau en particulier, en 1828, un certain Seillière hérita de manufactures textiles installées dans les abbayes de Senones et de Moyenmoutier; celles-ci furent par la suite des fleurons de l'empire Boussac; et aujourd'hui elles sont complètement sinistrées.
Là comme à Saint-Dié ou à Raon-l'Étape, les usines textiles ont été liquidées les unes après les autres et, au fil des restructurations, les travailleurs ont subi licenciements après licenciements. Nombre d'habitants de petites villes ou de villages victimes des licenciements doivent effectuer des déplacements de quelques dizaines de kilomètres, ce qui n'est pas rien dans ces zones rurales sans transports collectifs.
La «crise» du textile n'a pas fait que des victimes: c'est en annexant le groupe Boussac, (car les capitalistes sont aussi des requins qui se mangent entre eux), que Bernard Arnaud a bâti sa fortune, aujourd'hui la première du pays. Et bien souvent les bâtiments industriels laissés vacants ont été réoccupés, les repreneurs touchant des aides publiques, mais les fermetures n'ont pas cessé.
... et tous les autres
Au-delà des jérémiades habituelles des patrons sur la concurrence étrangère, on peut constater bien souvent que la cause essentielle des suppressions de postes et des licenciements, c'est la décision des groupes capitalistes d'augmenter les profits en «restructurant», comme ils disent, c'est-à-dire de faire la même production, voire plus, avec un nombre réduit d'usines et de salariés.
Ainsi récemment, la société Garçonnet a décidé de rapatrier un atelier de 26 personnes en Normandie, où se trouve son siège social, et d'en céder un autre de 18 personnes. Le PDG a précisé qu'il s'agissait d'une décision stratégique, pas économique. Et si des travailleurs refusent cette mutation «stratégique», il les menace purement et simplement de licenciement.
L'entreprise Gantois, l'une des plus grosses entreprises de Saint-Dié, spécialisée dans le métal tissé et perforé, est en redressement judiciaire. Elle a supprimé 190 postes au travers de deux plans «sociaux», l'un en 2003 et le second en 2004. En difficulté financière, les actionnaires de Gantois? En tout cas pas au point de ne pas pouvoir dégager des fonds pour investir en Roumanie, où Gantois possède déjà une usine!
Dans le fonctionnement du capitalisme c'est uniquement pour enrichir quelques poignées d'actionnaires que les licenciements et les fermetures d'usines sont décidées. Pour quelques millions d'euros de profits en plus, ce sont des milliers de travailleurs qui voient leur vie ruinée.