Le grand-duché du Luxembourg a construit sa richesse sur la sidérurgie, qui représentait encore dans les années cinquante les trois quarts de sa production industrielle. Aujourd'hui, l'industrie s'est diversifiée, mais les patrons continuent, comme ceux de l'acier au siècle dernier, à aller chercher la main-d'oeuvre en France, en Allemagne, en Italie, en Pologne ou au Portugal. Aujourd'hui par exemple, la majorité de la population de la ville de Luxembourg est étrangère (d'origine européenne essentiellement). Et par ailleurs un tiers de la main-d'oeuvre (plus de 100000 personnes) est constituée de frontaliers, français, allemands ou belges, qui viennent travailler chaque jour au Luxembourg, car le salaire minimum y est toujours de 30% plus élevé qu'en France.

Par ailleurs, le pays est devenu une des toutes premières places financières de la planète, grâce à sa stabilité politique et sociale, et à sa législation... accommodante pour les capitalistes, qui en fait le paradis des comptes numérotés, des holdings financières et des organismes de «clearing». L'un d'entre eux, la société Clearstream, a défrayé la chronique il y a quelques mois, quand un journaliste a révélé comment elle proposait ses services de blanchiment à toutes sortes de sociétés. Tout ceci permettant aux financiers, aux mafias cherchant à «blanchir» leur argent, et aux grandes entreprises du monde entier toutes sortes de transferts et d'opérations d'évasion fiscale.

Mais du point de vue de la classe ouvrière, la situation s'est dégradée ces dernières années. Entre 2000 et 2005 le chômage, qui était à un niveau assez bas, a doublé, le nombre de chômeurs officiellement comptabilisés passant de 5000 à 9500 environ, dont beaucoup de jeunes. Quand le premier employeur privé du pays, le sidérurgiste Arcelor, annonce plus de 1000 suppressions d'emplois après avoir annoncé des bénéfices 2004 de 2,3 milliards d'euros, neuf fois plus que l'année précédente, ou quand les banques richissimes annoncent des compressions d'effectifs, rien d'étonnant à ce que le mécontentement du monde du travail augmente.