Les chefs d'État des huit pays les plus riches du monde doivent discuter de l'aide au développement et, en particulier, des aides à apporter pour combattre la misère en Afrique. À ce sujet une partie de la presse, relayant une étude du FMI, affirme qu'il ne sert à rien d'aider l'Afrique puisque, de toute façon, les aides finiraient dans les poches des dictateurs corrompus.

Mais qui a mis en place ces dictateurs, qui servent-ils et qui les corrompt? Mobutu par exemple, président par la grâce de la CIA, grand ami de Bush père et de Giscard, a régné trente-deux ans sur le Congo, pendant lesquels il aurait amassé cinq milliards de dollars alors que la dette du pays se chiffre à dix milliards. Il était l'ami des gouvernements français, belge et américain, le garant du bon fonctionnement des riches mines du Congo, un acheteur d'armes et de travaux publics français, le chef d'un État emprunteur (et rembourseur) auprès des banques internationales. De plus, les cinq milliards détournés ont-ils servi à autre chose qu'à acheter des propriétés et des marchandises en Europe et aux USA? De même l'ex-président de Côte-d'Ivoire, Houphouët-Boigny, ci-devant politicien et bourgeois français, connu pour avoir fait la fortune de sa famille, a fait aussi et surtout celles de Bouygues (chantiers publics, distribution d'eau...) et de Bolloré (ports, chemins de fer, cacao, etc.). Feu le roi Hassan II du Maroc, ami et protégé de la France de père en fils, réputé prendre un pourcentage sur tout ce qui se négociait dans son pays, équipait son aviation chez Dassault, a fait construire une immense mosquée par Bouygues et recevait dans ses palais patrons, politiciens et journalistes français.

Alors oui, les aides au développement, comme les prêts des grandes banques et toutes les transactions commerciales qui concernent ces pays, transitent par les poches de dictateurs corrompus. Mais la plus grande partie revient immédiatement et directement, sous forme de commandes et de paiement d'intérêts, dans les coffres des grands groupes industriels et financiers. Et la note est finalement payée par les populations, rançonnées par les dictateurs pour payer les usuriers occidentaux.

Naturellement, le FMI ne découvre pas le phénomène puisqu'il l'organise. Mais ni lui ni les membres du G8 ne songent en fait à supprimer les dictatures dans les pays pauvres, et encore moins à améliorer le sort des populations. Ce qui les gêne... un peu, ce n'est pas l'absence de libertés démocratiques dans ces pays, ni la corruption de leurs dirigeants. C'est seulement que ceux-ci ne sont pas toujours assez discrets!