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Dans les entreprises
CRAM Nantes : Cinq jours de grève
Depuis la «réforme» des retraites de 2003, les conditions de travail n'ont cessé de se dégrader pour les salariés de la Sécurité sociale s'occupant des retraites, et la CRAM de Nantes ne fait pas exception.
Avec une législation en perpétuelle évolution, des décrets d'application tardant à paraître, les méthodes pour gérer les dossiers changeant sans cesse ou un outil informatique dans l'incapacité de traiter certains dossiers, le travail est devenu de plus en plus complexe et, au bout, les assurés, bien légitimement, s'inquiètent de l'avancement de leur dossier et du paiement de leurs pensions.
Le mécontentement couvait donc depuis des mois, particulièrement chez ceux qui instruisent les dossiers de retraite, les «liquidateurs».
Avec les trois syndicats CFDT, CGT et FO, une première pétition, dénonçant les conditions de travail et demandant l'attribution du niveau supérieur dans la grille, a reçu 95 signatures sur un effectif théorique d'environ 110 «liquidateurs». Puis une seconde pétition incluant un engagement à se mettre en grève jusqu'à obtention des revendications en a reçu 75. À l'assemblée générale qui a suivi, 70 présents ont voté la grève, à la quasi-unanimité, à compter du lundi 27 juin.
Beaucoup avaient la volonté d'entraîner avec eux les autres collègues du secteur retraite, ceux qui font l'accueil des assurés et ceux qui vérifient les dossiers.
Grève et assemblées générales
Le 27 juin, la grève était donc lancée. Elle était très suivie en liquidation. 50 à 60 grévistes se sont impliqués de façon active dans la grève. Chaque jour étaient tenues deux assemblées générales, où les principales décisions étaient mises au vote. Des tracts, pancartes, banderoles réalisés collectivement, des visites quotidiennes à la direction, une irruption au Conseil d'administration, deux rassemblements devant le hall d'accueil des assurés avec pétition de soutien, l'information des médias et le travail de conviction auprès des non-grévistes pour renforcer le mouvement: les journées de grève étaient bien remplies.
Pendant quatre jours la direction locale a joué la montre, n'a rien proposé, n'ayant soi-disant aucun pouvoir! Mais petit à petit la pression est montée: quelques contrôleurs se sont mis dans la grève et, jeudi, deux agences d'accueil étaient complètement fermées, à Saint-Nazaire et Angers. La presse locale commençait à se faire l'écho du conflit. Le Conseil d'administration a alors mandaté la direction pour qu'elle négocie.
Le lendemain la direction a annoncé aux syndicats qu'elle s'engageait à demander au prochain Conseil d'administration (mi-septembre) le vote d'un budget complémentaire correspondant aux revendications salariales.
Les grévistes ont enregistré ça comme un premier succès. On a pu mesurer que, même à l'approche des vacances, un mouvement déterminé pouvait mettre la pression sur la direction. Le mouvement a donc été suspendu vendredi 1er juillet au soir, après cinq jours de grève. Mais tout le monde est bien conscient que rien n'est joué: concrètement rien n'est encore dans le porte-monnaie! Les obstacles sont encore nombreux (direction nationale, ministère de tutelle, et une direction locale qui aura beau jeu de se cacher derrière ceux-là). Les grévistes du secteur retraite ont enfoncé un coin. Mais il faudra certainement un mouvement d'ampleur après la rentrée pour faire éclater les carcans budgétaires dans lesquels on tente de nous enfermer.