«Santo subito» (Saint immédiatement) réclamaient, dès les funérailles du précédent pape, des banderoles (identiques, comme si elles avaient eu le même fabricant, à moins qu'il ne s'agisse -déjà- d'un miracle). Le Vatican s'exécute. Le nouveau pape vient d'annoncer l'ouverture du procès (c'est comme cela que ça s'appelle) en béatification, prélude obligé de la canonisation. Normalement, il faut attendre cinq ans après la mort du postulant, mais Benoît XVI, le nouvel occupant du «trône de Saint-Pierre», a accordé une dispense.

Il faut aussi, en principe, que le futur saint ait accompli au moins deux miracles, et pas des faux, de vrais miracles reconnus officiellement par l'Église. Mais là, pas de problème: il paraît que Jean-Paul II en a fait beaucoup. On n'en avait guère parlé jusqu'à présent, mais les faits sont là. Ainsi, au Mexique, un gamin atteint de leucémie serait entré dans la voie de la guérison après avoir embrassé le pape. Un Américain souffrant d'une tumeur au cerveau aurait guéri après avoir reçu la communion de ses mains. Ce ne sont pas des miracles ça? Et il y en a plein d'autres!

Selon Benoît XVI, son prédécesseur est déjà au ciel. De toute façon, il ne pourra pas monter plus haut. Et il y contemple «directement» le Christ pour l'éternité. Comme disait Pierre Dac, cela risque d'être long surtout vers la fin. Quant au pape, tel le plus vulgaire des politiciens en mal de popularité, il s'agenouille devant le «peuple de Dieu qui a déjà canonisé Jean-Paul II».

En plein 21e siècle, l'Église continue imperturbablement à flatter et à cultiver l'obscurantisme. Elle prétend s'insérer dans le monde moderne, mais est en prise directe sur le Moyen-Âge.