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Leur société
Le plan Villepin : Encore plus d'arbitraire patronal
Les mesures qui vont faire l'objet des ordonnances du gouvernement pendant l'été visent toutes à continuer la démolition des quelques droits et protections dont bénéficient encore les salariés face à leur employeur.
Le contrat "nouvelle embauche", avec sa période d'essai de deux ans, a pour but, contrairement à son intitulé, de supprimer les entraves au licenciement pour tous ceux qui en dépendraient. Pendant deux ans le salarié pourrait être ainsi jeté à la rue sans que le patron ait aucun motif à donner, ni bien sûr d'indemnités à verser. Dans ce cadre, il n'y aurait plus besoin de CDD ou d'intérim, et encore moins de contrats à durée indéterminée. Les patrons auraient intérêt à avoir en permanence tout ou partie de leur personnel sous ce régime.
Quand on voit comment, déjà aujourd'hui, bien des patrons jettent à la rue leurs salariés, sans se gêner le moins du monde, on imagine ce qu'il pourrait en être demain.
Le gouvernement a annoncé que cette mesure ne s'appliquerait, pour le moment, qu'aux seules entreprises de moins de dix salariés. Mais Villepin s'est refusé à exclure une extension de ce système à toutes les entreprises comme le demandent les représentants du patronat.
Pour apaiser les protestations qui ont fusé, Villepin a envoyé ses deux ministres chargés du Travail, Borloo et Larcher, faire des déclarations, rassurantes sur la forme, mais ne remettant pas en cause le fond. La seule nouveauté avancée par Larcher serait seulement l'institution d'un "délai de prévenance" avant de mettre le salarié à la rue.
D'ailleurs, pour bien montrer que les attaques actuelles seront suivies d'autres, le même Larcher, en même temps qu'il prenait un ton patelin sur le contrat "nouvelle embauche", annonçait que le "grand chantier de la rentrée" porterait sur la renégociation de la convention Unedic. Cela laisse présager une remise en cause de l'indemnisation des chômeurs.
L'autre mesure qui aurait des effets immédiats et désastreux sur les salariés concernés porte sur la suppression de la contribution financière que les entreprises doivent payer quand elles licencient des salariés de plus de cinquante ans. Cette contribution est un frein modeste à la tendance constatée depuis des années qui fait que les employeurs licencient en priorité les plus anciens, parce qu'ils ont souvent les salaires les plus hauts, ou parce qu'ils sont plus usés par l'exploitation.
Il faut vraiment penser pouvoir dire n'importe quoi pour oser présenter cette mesure comme un moyen de lutte contre le chômage des plus de cinquante ans, alors qu'à l'opposé elle va être un encouragement à licencier sans frais cette catégorie de travailleurs. C'est d'autant plus révoltant que chacun sait que ces travailleurs, une fois licenciés, sont dans la quasi-impossibilité de retrouver un autre travail.
Enfin, le gouvernement propose l'extension à toutes les entreprises de moins de dix salariés d'un dispositif du même type que celui du "chèque-emploi-service", qui permet aujourd'hui à un particulier, par exemple, de payer quelqu'un pour un travail domestique limité, en évitant nombre de formalités. L'objectif est de supprimer le contrat de travail écrit. C'est bien un des objectifs du patronat qui parle des "lourdeurs du contrat de travail" pour revendiquer en fait que l'employeur n'ait plus aucune obligation vis-à-vis de son salarié.
À tout cela s'ajouterait le fait de ne plus prendre en compte les nouvelles embauches de jeunes de moins de vingt-cinq ans pour le calcul des seuils ouvrant droit à des représentants du personnel. Ce menu indigeste mériterait largement que les travailleurs piquent un coup de colère et renversent la table où on voudrait le leur servir.