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Leur société
Le gaz toujours plus cher
L'augmentation du prix du gaz, qui a été reportée après le référendum, va donc avoir lieu. Elle sera étalée pour être moins douloureuse: 4% au premier juillet, première d'une série de hausses qui, d'ici neuf mois, feront monter de plus de 14% la facture des 11 millions de personnes qui utilisent le gaz naturel. Pour ceux qui se chauffent au gaz surtout, cette décision augmentera la part du budget que les familles populaires doivent consacrer à la possibilité de vivre dans un logement, réduisant par là même les autres dépenses, d'alimentation, de vêtements, de loisirs, de soins, etc.
Comme à chaque fois, le président de Gaz de France et le ministre de l'Économie ont justifié cette décision par la nécessité de suivre la hausse du prix du baril de pétrole, et même de rattraper le retard en ce domaine. Il est vrai que Gaz de France achète 98% du gaz à l'étranger et que le prix du gaz est plus ou moins indexé sur le cours du pétrole. Mais cette indexation n'est justifiée par aucune raison technique. Elle a été décidée dans les années 1970-1980, à l'époque où les trusts, s'abritant derrière les pays producteurs, ont réussi à imposer une augmentation du prix du pétrole, ce que l'on a appelé le "choc pétrolier". Des sociétés pétrolières comme Total, qui est actuellement le quatrième producteur de gaz mondial, ont profité de l'occasion pour faire coup double en imposant aux prix du gaz une courbe parallèle à ceux du pétrole, dans le but d'éviter, à l'époque, que de gros consommateurs ne se détournent de celui-ci.
En fait, outre l'augmentation internationale des prix, dont on connaît mal la répercussion réelle pour les achats de Gaz de France (car il y a des contrats à long terme avec les fournisseurs), il y a une seconde raison à cette hausse spectaculaire: c'est la proximité de l'ouverture du capital de Gaz de France au secteur privé. C'est d'ailleurs ce que confirment les publicités qui s'étalent en ce moment sur des pages entières des journaux et qui proclament: "Bientôt vous pourrez devenir actionnaires de Gaz de France". La vente des actions doit commencer le 23 juin pour que l'affaire soit bouclée le 14 juillet. L'annonce de la hausse de tarif qu'accompagne cette campagne médiatique a pour but de faire saliver les futurs petits actionnaires. Les gros, eux, n'ont pas besoin de cela. Gaz de France se vante d'un bénéfice d'un milliard d'euros. Avec les augmentations qui viennent d'être décidées, tout cela devrait encore s'améliorer. Ce qui se traduira par des dividendes dont on promet à ceux qui vont acheter les actions qu'ils seront comme le gaz "durables entre nous".
En attendant, tous ceux qui se chauffent au gaz vont devoir se sacrifier pour assurer le succès de cette privatisation.