GIAT Industries – Saint-Chamond : Un rapport parlant15/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1924.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

GIAT Industries – Saint-Chamond : Un rapport parlant

En avril 2004, les CHSCT des sites GIAT Industries de Saint-Chamond et Saint-Étienne mandataient un cabinet d'experts pour établir un rapport sur l'état de santé des travailleurs de ces deux sites. Ce rapport vient d'être rendu et publié. Sans surprise, il constate: «Le plan GIAT 2006 a pour effet la dégradation de l'état de santé des salariés.»

Rappelons que le projet initial de la direction de GIAT Industries, entreprise d'État de fabrication d'armements terrestres, prévoyait, en avril 2003, la suppression de 3950 emplois, avec la fermeture de trois sites: un à Tarbes, un à Cusset dans l'Allier et celui de Saint-Chamond, dans la Loire, avec plus de 600 salariés.

Pendant les mois qui ont suivi, l'opposition des travailleurs, sans être explosive, ne s'est jamais démentie. Débrayages fréquents, manifestations diverses et variées, ralentissement assez fort du rythme de travail, mise sous surveillance d'un certain nombre de produits finis: à Saint-Chamond, il était clair que les salariés ne voulaient pas perdre leur travail à la suite de la fermeture du site, d'autant que la situation de l'emploi dans cette région est catastrophique.

Cette crainte de perdre leur emploi et de se retrouver soit au chômage, soit dans un emploi précaire était accentuée (et le rapport le met clairement en évidence) par la moyenne d'âge élevée, par l'ancienneté élevée (83% des salariés ont une ancienneté supérieure à 20 ans), par le fait que les qualifications étaient souvent propres à GIAT et par la position majoritaire des ouvriers parmi les catégories professionnelles.

Le rapport indique: «Nous avons observé que le processus de dégradation de l'état de santé des salariés avait commencé dès les années 1980. En effet, les salariés sont déjà fragilisés par les changements qui s'opèrent à cette époque. (...) Cette fragilisation s'accentue dans le cadre du plan GIAT 2006, parce que deux facteurs de l'intégration professionnelle, qui participent à la construction de la santé, sont fortement atteints: la stabilité de l'emploi et la satisfaction au travail.»

Les conséquences: «Nombreux troubles psychologiques, physiques et comportementaux. L'analyse révèle que la perturbation du sommeil, l'anxiété, les dérèglements de l'humeur, le sentiment d'usure, le sentiment de dévalorisation, l'isolement social sont déclarés par la quasi-totalité des salariés reçus en entretien et ce, quel que soit le sexe, l'âge, le statut ou la catégorie socio-professionnelle. C'est à ce niveau que les atteintes à la santé sont les plus fortes et les plus fréquentes». Certains travailleurs évoquent des pensées suicidaires.

En ce qui concerne la peur de la perte d'emploi, le rapport cite quelques propos de salariés: «Si je perds mon boulot, c'est fini pour moi». «Pour moi, j'avais un boulot à vie, je ne m'inquiétais pas au début. Et puis on a eu les plans sociaux. Mais on y croyait toujours».

En conclusion, ce rapport préconise quelques mesures, comme l'abaissement de l'âge à partir duquel les salariés pourraient partir en préretraite ou un meilleur suivi des recherches d'emploi pour ceux qui perdraient le leur. Alors que la direction ne fait pas mine de reprendre ces mesures à son compte, aussi limitées soient-elles, les travailleurs peuvent l'y obliger. Ils n'ont pas perdu leur capacité de réaction. Et ce rapport, qui pointe un certain nombre de dégâts, que ce soit pour les travailleurs du privé ou de l'État (comme c'est le cas pour les salariés du GIAT), peut les encourager à ne pas se laisser faire. Des mobilisations peuvent encore avoir lieu, tous les salariés, loin de là, n'ayant pas quitté l'entreprise.

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