Dans son «bras de fer»avec les autres leaders européens, Tony Blair a invoqué le financement de la PAC, la politique agricole commune. «40% du financement de l'Union vont à l'agriculture alors qu'elle n'emploie que 5% des actifs» a-t-il déclaré. C'est en gros exact, mais ce sont des chiffres qui font illusion.

Si les agriculteurs de l'Union européenne, tout comme ceux des États-Unis, n'étaient pas aidés par des subventions considérables, il y a longtemps que la plupart d'entre eux auraient disparu, face aux cours mondiaux très bas des principales denrées agricoles. Mais il ne faudrait pas en déduire que c'est par sympathie pour le monde agricole que l'Europe -ainsi que les États-Unis- consentent à des aides qui se chiffrent en dizaines de milliards d'euros ou de dollars.

Les divers gouvernements qui se sont succédé depuis cinquante ans ont laissé, sans état d'âme, des millions d'agriculteurs disparaître des campagnes, en France en particulier, dans un exode rural sans précédent. Et c'est un mouvement qui est actuellement en cours en Europe centrale et de l'Est.

Seulement parmi les agriculteurs, il y a de gros capitalistes et, à leurs côtés, les industries agroalimentaires. Et en aidant les agriculteurs, en permettant aux petits d'avoir le plus souvent la tête juste au-dessus de l'eau, ce sont les capitalistes de l'agriculture et le puissant secteur agroalimentaire qui sont aidés.

Et pour eux Chirac est prêt à se battre bec et ongles.