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Leur société
Éxonérations de charges : Un puits sans fond
La bataille pour l'emploi que prétend mener le gouvernement Villepin va être à nouveau prétexte, comme toujours depuis plus de dix ans, à de nouveaux cadeaux aux entreprises sous forme d'allégements de charges sociales. Chaque nouveau gouvernement y va de ses cadeaux. Et si Jospin et Martine Aubry avaient fait très fort en ce domaine, sous prétexte de faire accepter les 35 heures au patronat, le premier gouvernement Raffarin et son ministre Fillon avaient fait encore mieux. Depuis, Jean-Louis Borloo a encore imaginé de nouvelles exonérations dans son projet de loi pour le développement des services à la personne. Quant à Villepin, il promet des exonérations supplémentaires aux petites entreprises.
Les chiffres de la Commission des comptes de la Sécurité sociale illustrent parfaitement cette incessante augmentation des exonérations de charges sociales, qui sont passées de 18,69 milliards d'euros en 2003 (en augmentation de 2,5% sur l'année précédente) à 19,68 milliards en 2004 (en augmentation de 5,3%) et à un montant estimé à 22,9 milliards d'euros pour 2005 (en augmentation de 16,4% sur l'année précédente). Il s'agit là uniquement des exonérations compensées par l'État au budget de la Sécurité sociale, les employeurs bénéficiant en outre d'un peu plus de deux milliards d'euros d'exonérations qui ne sont pas compensées par l'État et restent donc à la charge de la Sécurité sociale.
Les entreprises devraient donc bénéficier en 2005 de quelque 25 milliards d'euros d'exonérations de charges sociales. Et d'ores et déjà il est prévu d'augmenter encore en 2006 ce montant de 2,7 milliards d'euros, une augmentation de plus de 10%!
Il est pourtant prouvé depuis plus de dix ans que ces cadeaux à répétition, qui creusent le déficit du budget de l'État et de celui de la Sécurité sociale, ne créent pas d'emplois et ne font pas diminuer le chômage. Quoi qu'ils en disent, là n'est pas la priorité des gouvernements successifs qui avancent la prétendue lutte pour l'emploi surtout comme prétexte pour dispenser des cadeaux aux entreprises avec l'argent des travailleurs.