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Leur société
Quand les magnats de la presse font la morale
«Quelles que soient les difficultés, la liberté de la presse ne peut se prendre en otage», a déclaré le Conseil supérieur des messageries de presse à l'annonce de la grève des kiosquiers parisiens. Cette institution, considérée par les NMPP comme la «haute autorité» de la profession, compte parmi ses vice-présidents Jean-Paul Bailly, président de La Poste. Elle est présidée par Yves de Chaisemartin, président-directeur général de la Socpresse, une société détenue par Dassault qui contrôle Le Figaro, L'Express, La Voix du Nord, Le Progrès et des dizaines d'autres journaux régionaux. Quant aux NMPP, elles sont entre les mains du groupe Hachette qui appartient à Lagardère.
Il n'est pas étonnant qu'une grève hérisse le poil de ces gens-là. Ils osent invoquer la «liberté de la presse»! Ils se font les défenseurs de «la liberté fondamentale d'accès des lecteurs à leurs titres, au moment même où l'échéance politique rend plus essentielle encore la fonction citoyenne d'information et d'éclairage» des journaux et magazines. La réalité, c'est qu'ils n'apprécient pas du tout que les diffuseurs de journaux aient choisi le lendemain du référendum pour lancer une action, un jour où ils espéraient des ventes records.
Cependant, si Dassault et Lagardère s'intéressent tant à la presse, au point qu'ils en possèdent aujourd'hui la majeure partie, ce n'est pas seulement pour les bénéfices. Pour rapporter de l'argent, la fabrication d'avions militaires Dassault et de missiles Matra, pour Lagardère, est imbattable, avec l'État comme client tout trouvé! Ce que la presse qu'ils contrôlent leur apporte de plus, c'est, comme l'a dit Dassault, de pouvoir distribuer des «informations saines et positives». Les journalistes sont priés d'écrire ce qui plaît à Dassault et ses compères, de s'autocensurer dans le cas contraire.
Une façon de tenter de prendre en otage l'opinion, toute l'année durant.