L’aide publique aux pays pauvres : Une charité bien calculée02/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1922.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L’aide publique aux pays pauvres : Une charité bien calculée

Sur le montant total de l'aide parcimonieuse au Tiers Monde allouée par les États des pays riches, seuls environ 20% parviennent aux populations censées en bénéficier. Et encore, seule la moitié de cette somme serait en réalité consacrée à des dépenses liées aux besoins fondamentaux, comme la santé ou l'éducation.

Dans certains endroits, l'utilisation de l'aide prend un tour caricatural. C'est ainsi qu'au Cambodge, un des pays les plus pauvres du monde, où la moitié de la population vit avec moins d'un dollar par jour, les 740 «experts internationaux» nommés au titre de l'aide engloutissent à eux seuls 50% des sommes allouées. Ces 740 «conseillers», avec leurs demeures cossues et leurs 4 x 4 japonais, engloutissent ainsi un budget de fonctionnement équivalant à celui de l'ensemble de la fonction publique cambodgienne et de ses 160000 salariés!

Ces faits sont dénoncés par deux ONG, Actionaid et Oxfam. Dans le rapport qu'elles ont publié, elles pointent également du doigt l'hypocrisie qui préside à l'ensemble du système des aides publiques. Car si, lors des sommets internationaux, les chefs d'État se répandent en déclarations sur les «efforts» qu'ils consacreront à «combattre la pauvreté», voire à l'éliminer, la réalité est que ces aides sont avant tout des instruments politiques et économiques entre les mains de ceux qui les octroient.

Les aides sont utilisées afin de récompenser la docilité de certains gouvernements des pays pauvres... et de faire pression sur ceux qui n'en feraient pas assez preuve. Leur versement reste soumis au fait que les bénéficiaires adoptent une politique économique conforme aux intérêts des pays donateurs: ouverture des marchés, privatisation des services publics, etc. Et en réalité près de la moitié des sommes versées ne quittent pas le pays d'origine, puisqu'elles servent obligatoirement à acheter des biens et des services de surcroît surfacturés par les «généreux» donateurs.

Le rapport d'Oxfam et d'Actionaid fait donc apparaître l'aide publique au Tiers Monde pour ce qu'elle est: une aide des États riches à leur propre patronat, leur servant tout à la fois à renforcer leur emprise sur certains pays pauvres et à écouler quelques invendus.

En tête du palmarès mondial des États les moins généreux à l'égard des populations pauvres, on trouve la France, juste devant les États-Unis, avec une part de 11% de ses aides destinées aux populations. Ce ne sont pas ceux qui en parlent le plus qui en font le plus.

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