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Leur société
Régularisation de tous les sans-papiers!
Vendredi 6 mai, après cinquante jours de grève de la faim, douze travailleurs sans papiers de Paris, six Algériens, quatre Tunisiens, un Malien et un Marocain, ont appris que la Préfecture avait décidé de les "régulariser". Bon nombre d'entre eux étaient déjà hospitalisés, leur état physique s'étant sérieusement dégradé: depuis le 17 mars, ils n'avaient absorbé que de l'eau légèrement salée et du thé sucré.
Les sans-papiers avaient débuté leur mouvement dans les locaux de l'Unicef, dont ils ont été expulsés, puis dans une annexe de la Bourse du Travail, où ils ont subi le même sort, le 3 mai dernier. Ils étaient 88 à attendre des autorités une solution pour échapper à la situation désespérante à laquelle les contraignent le chômage et la misère qui étaient leur lot dans leur pays d'origine. Parallèlement à leur mouvement, de multiples interventions d'associations, syndicats et personnalités avaient eu lieu. Et si le ministère de l'Intérieur a fini par se décider à entamer le processus de régularisation, c'est parce qu'il n'est pas prêt, surtout en période électorale, à prendre la responsabilité de décès après une si longue grève de la faim. Car 76 autres femmes et hommes attendent encore que leur dossier soit traité, ce que le gouvernement se refuse à faire collectivement, même s'il s'est engagé à étudier les dossiers au cas par cas.
Dans ce pays, environ six cent mille femmes, hommes, enfants connaissent quotidiennement la vie angoissante et parfois dangereuse des sans-papiers, le logement précaire et hors de prix, l'inquiétude inhérente aux déplacements dans les grands centres urbains, le travail au noir et les bas salaires. Situation ubuesque également, puisqu'aux yeux de certaines administrations, impôts, écoles, santé, ces habitants sont tout sauf des fantômes! Mais les gouvernements successifs ont systématiquement refusé une mesure de régularisation générale qui aurait réglé ce problème administratif dans un esprit de simple justice: le problème n'est même pas ici d'ouvrir les "portes" de l'immigration mais purement de stabiliser la situation d'une partie non négligeable de la population laborieuse.
Et dans ce domaine l'attitude du gouvernement ne laisse aucun doute. Pour ne citer qu'un chiffre, en 2004, 47000 arrêtés de reconduite à la frontière ont été pris, dont 11 850 exécutés sans ménagement par la police ou la gendarmerie.
Le gouvernement connaît parfaitement les tenants et les aboutissants de cette situation, qui est celle d'une fraction de la population. Il faut lui imposer l'arrêt des expulsions et la régularisation immédiate de tous les sans-papiers.