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Dans le monde
Bush, "champion des libertés" en ex-URSS
En 1995, Clinton, Mitterrand et Kohl, venus à Moscou pour le 50e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, avaient préféré ne pas assister au défilé militaire pour ne pas avoir l'air de trop cautionner la guerre de Tchétchénie qu'Eltsine venait de déclencher.
En 2005, cette guerre continue mais les dirigeants occidentaux suivaient le défilé sur la place Rouge. Et, quitte à ne même plus faire dans l'hypocrisie, pourquoi se gêner? Bush a ainsi profité de l'occasion pour répandre la bonne parole dans ce qu'un de ses prédécesseurs, Ronald Reagan, qualifiait d'"empire du Mal".
À Riga, en Lettonie, Bush a expliqué que "la véritable libération" n'avait pas eu lieu en 1945, mais en 1991, avec la fin de l'URSS. Faisant allusion aux discriminations officielles infligées à des parties importantes de la population des Pays Baltes parce que russophones, il a concédé, mais... seulement à la télévision russe, que "le respect de la démocratie consiste aussi à respecter le droit des minorités".
Arrivé à Moscou, pour ne pas froisser Poutine, il s'est abstenu de tout commentaire, même sur les "dérives autoritaires" dont il avait parlé peu auparavant. N'allez pas croire d'ailleurs qu'il s'agissait de la Tchétchénie. Il parlait... des tracasseries dont sont victimes des affairistes russes ayant des intérêts et des soutiens à l'Ouest.
Avant de s'envoler pour la Géorgie, une ex-république soviétique où, il y a un an et demi, le pro-occidental Saakachvili s'était appuyé sur la rue pour renverser son ancien "patron" Chévarnadzé, Bush s'est félicité des résultats obtenus par les "champions de la liberté" dans ce pays, ainsi qu'en Ukraine avec la "révolution orange" ou au Kirghizstan avec celle des "tulipes". À l'écouter, il n'y aurait plus que Loukachenko en Biélorussie comme "dernière dictature en Europe".
Expert en liberté et en démocratie -il n'y a qu'à demander au peuple irakien- Bush s'en va distribuant bons et mauvais points, mais sans perdre le sens des affaires. Dans le Caucase, il évitera sans doute de parler de dictature, à deux pas d'un Azerbaïdjan riche d'un pétrole sur lequel lorgnent les "majors" américaines et où règnent des dictateurs de père en fils: Gaïdar Aliev, ancien chef du parti local du temps de l'URSS, et maintenant son fils, Ilham, dont la police tire sur tout ce qui bouge.
Bush y aura peut-être dénoncé la Russie, qui tarde à retirer ses bases militaires de Géorgie, en oubliant bien sûr de parler de la sinistre base militaire de Guantanamo, que les États-Unis maintiennent depuis des dizaines d'années à Cuba malgré les protestations des autorités cubaines.