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Leur société
Jospin, le retour ?
Après avoir déclaré qu'il abandonnait la scène politique au soir du 21 avril 2002, Lionel Jospin se lance à nouveau dans l'arène. Il aurait fait sensation, nous dit-on, lors de la cérémonie organisée à l'occasion du centième anniversaire du Parti Socialiste, qui se tenait dans les locaux de la bibliothèque nationale dite François Mitterrand.
Un symbole pour celui qui réclamait un "devoir d'inventaire", qui supposait qu'il avait l'intention de porter un regard critique sur la carrière et l'action de ce même Mitterrand. Il s'en est arrêté à la formule.
Jospin n'est pas le premier dirigeant politique qui annonce qu'il quitte la scène pour préparer son retour dans le rôle de sauveur. Pour certains, il s'agit de sauver la France; pour l'instant, il ne s'agit pour Jospin que de se porter au secours du "oui" au référendum, accessoirement du PS. Mais cette entreprise de sauvetage n'est peut être qu'une étape, après ces trois ans de pénitence, qui lui ont permis, pense-t-il, de se refaire une virginité politique.
Un volet de sa diatribe concernait le communisme et plus généralement l'extrême gauche. "Rendre des comptes, cela nous distingue (le PS) de l'extrême gauche et des communistes, a-t-il ajouté (...). Il ne reste rien aujourd'hui de la révolution d'Octobre, si ce n'est la restauration du capitalisme et le retour de l'autoritarisme". Bien curieuse façon d'appeler l'Histoire à son secours. La Révolution n'aurait donc servi, selon Jospin, qu'à restaurer le capitalisme, voire n'aurait eu d'autre issue que cette restauration. Rappelons-lui seulement que le socialisme de gouvernement, le sien donc, porte, rien qu'en France, la responsabilité d'avoir été largement impliqué dans les sales guerres d'Indochine et d'Algérie, ou de la participation de la France, aux côtés des Américains, lors de la première intervention en Irak, en 1991. On pourrait aisément allonger cette liste. Et bilan pour bilan, la révolution d'Octobre reste pour nombre d'hommes et de femmes encore porteuse d'espoir, malgré les crimes du stalinisme. Bien plus porteur d'espoir que des hommes comme Blair, Schröder ou... Jospin qui n'offrent aucune perspective de sortir de ce système ce dont le PS, s'il était honnête avec sa propre histoire, devrait tirer le bilan.
Dans son effort pour rappeler l'histoire du PS, Jospin a évoqué l'entrée de Jules Guesde, qui avait combattu la perspective de la Première Guerre impérialiste mondiale avant qu'elle ne se déclenche et qui était entré dans le gouvernement belliciste français, cautionnant l'effort de guerre de ce dernier. "Depuis cette date, je n'ai jamais pris les discours dits de gauche pour argent comptant" a-t-il conclu. Mais pourquoi éprouve-t-il le besoin de remonter si loin dans le temps? Il aurait pu tout simplement s'appuyer sur les discours qu'il faisait en 1997, quand il a pris la direction du gouvernement et que beaucoup n'ont pas oublié.
Il est vrai que beaucoup de travailleurs sont vaccinés contre les discours dits de "gauche", y compris celui de Jospin.