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- Lutte ouvrière n°1917
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Hôpital Saint-Antoine (Paris) : - Après les mots, il n'est resté que les maux
À l'hôpital Saint-Antoine, il y a un an, le chef du service Hématologie et la surveillante générale nous parlaient de travaux pour l'hôpital de jour (HDJ). Un endroit où il ferait bon travailler, où les malades fragiles, atteints d'une maladie hématologique, seraient plus confortablement installés, où la confidentialité serait mieux assurée.
Mais le mardi 29 mars, les travaux commençant, nous déménagions dans des locaux provisoires pour les quatre mois de travaux, soit quatre petites chambres du service Oncologie. Nous nous retrouvions avec encore moins de place que dans notre service d'origine et dans des conditions d'hygiène et de sécurité douteuses!
Après trois jours de fonctionnement dans ces conditions déplorables, les quatre infirmières et les deux aides-soignantes de l'équipe écrivaient à la direction une lettre dénonçant la situation et la mettant en demeure de trouver une solution, sans quoi elle en serait tenue pour responsable. Copie fut faite au secrétaire du CHSCT (Comité d'hygiène et sécurité - Conditions de travail). Un de nos médecins signait la lettre et une autre refusait sous prétexte qu'elle aurait été mal écrite et que nous aurions profité de son absence pour la faire...
À son tour, la CGT constata un danger grave et imminent et mit en demeure la direction de répondre dans les 48 heures au problème. FO proposa de convoquer un CHSCT extraordinaire avec présence du personnel. Une lettre-pétition fut lancée pour que les patients soient mis au courant et puissent s'impliquer dans l'affaire.
En colère, nous accrochions une banderole à la fenêtre dénonçant la situation et contactions également le journal Le Parisien. Lundi 11 avril, le CHSCT extraordinaire visitait notre point de chute et un autre pouvant finalement nous être attribué, soit six grandes chambres en Orthopédie, fermées depuis des mois par manque de personnel. Le même jour Le Parisien sortait quelques lignes qui faisaient sensation auprès des patients et des autres travailleurs de l'hôpital. Pour nous c'était un deuxième déménagement de cartons, mais la fierté d'avoir défendu nos conditions de travail et celles des patients, malgré l'inertie générale.
Au vu du nombre de lits fermés par manque de personnel, il y avait les moyens de nous accueillir de façon encore plus satisfaisante, en Maternité par exemple, où un étage refait à neuf est inutilisé faute de personnel. Mais l'affaire a mis en relief la façon dont les patrons de services se comportent. Chacun craint de servir de locaux provisoires et de perdre ses lits de spécialités, un patron va même jusqu'à fermer des lits par roulement toute l'année. Chacun défend son fief, même au détriment immédiat des patients, en attendant une amélioration miraculeuse. Pourtant, c'est bien la politique globale de fermeture de lits et de pénurie de personnel menée par la direction de l'Assistance Publique, et au-delà par le gouvernement, qui est en cause.