Incendie de l’hôtel Paris-Opéra : Des victimes de la politique gouvernementale22/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1916.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Incendie de l’hôtel Paris-Opéra : Des victimes de la politique gouvernementale

Le tragique incendie de l'hôtel Paris-Opéra (situé rue de Provence à Paris) a fait 24 morts, dont la moitié d'enfants, et une cinquantaine de blessés. Même si l'incendie a été déclenché, semble-t-il, à la suite d'une simple dispute, il est révélateur de l'immense misère dans laquelle plonge une partie grandissante de la population, en grande partie des sans-papiers, et du peu d'attention qu'y prêtent les pouvoirs publics.

Dans le cas des sans-papiers, la logique est implacable: pas de papiers donc pas de travail ou des travaux clandestins mal payés, pas de travail donc pas d'argent, pas d'argent donc pas de moyens d'accéder à un logement. Le SAMU social et d'autres organismes d'assistance les prennent en charge et les placent, faute de capacités d'hébergement suffisantes, dans des hôtels bas de gamme, dont on vient de voir que les conditions de sécurité peuvent y être déplorables. Ils y attendent des mois, voire des années, leur régularisation. Les maintenir dans la précarité relève d'une volonté politique délibérée, pour faire une illusoire pression sur les candidats à l'immigration, alors qu'il suffirait de régulariser leur situation pour qu'ils puissent espérer accéder à un logement dans des conditions moins précaires.

De façon plus générale, c'est toute la population pauvre que l'État actuel néglige et méprise. Le logement en hôtel par les services sociaux résulte aussi en effet du manque criant de logements. Il y aurait 320000 demandes de logements sociaux en attente en Ile-de-France. Mais le logement social, c'est le cadet des soucis des gouvernants.

Et si les autorités avaient une réelle volonté de loger en urgence ces demandeurs de logement, elles pourraient appliquer une loi qui date de 1945 et qui a été confirmée en 1998, permettant de réquisitionner les logements vacants, et ils sont très nombreux dans les grandes villes. Mais l'État se refuse obstinément à l'utiliser, trop respectueux du sacro-saint principe de la propriété privée.

Cette situation procure une véritable rente à ce qu'on appelle les «marchands de sommeil». Les services sociaux payent de 15 à 20 euros par personne et par jour pour héberger ces personnes en grande précarité, dans des établissements à la salubrité douteuse quelquefois, comme dans le cas du Paris-Opéra. Une chambre occupée par quatre personnes peut ainsi rapporter plus de 2000 euros par mois aux propriétaires de ces petits hôtels spécialisés dans ce genre d'accueil. Dix-sept mille chambres seraient ainsi utilisées en France, ce qui représente des centaines de millions d'euros versés par l'administration, le plus souvent à des margoulins sans scrupules.

Une manifestation de protestation suite à cet abominable incendie a eu lieu lundi 18 avril devant les ruines de l'hôtel Paris-Opéra, à l'appel du mouvement pour le Droit Au Logement (DAL). Elle a réuni plusieurs centaines de personnes, dont notre camarade Arlette Laguiller. Plusieurs orateurs ont dénoncé la situation scandaleuse des sans-papiers, ou témoigné de façon très émouvante des conditions de vie de cette population. Comme cette femme africaine qui racontait qu'elle s'occupait toute la journée des «enfants des Blancs», mais n'était pas sûre de retrouver le soir son enfant en bonne santé.

Il n'y pas de fatalité. Sur la base de la misère, le risque d'accidents épouvantables est beaucoup plus grand.

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