Lundi 18 avril, les travailleurs de Cotelle à Rillieux, dans le Rhône, étaient dans leur deuxième semaine de grève pour obtenir 100 euros d'augmentation pour tous. Depuis le début de la grève, vendredi 8, les trois équipes se réunissent tous les après-midi pour voter la reconduction de la grève pour le lendemain.

L'usine, qui conditionne l'eau de Javel en doses et en bouteilles, appartient au groupe Colgate-Palmolive. Celui-ci fait de gros bénéfices, mais qui servent essentiellement à enrichir les actionnaires. Son PDG, en 2003, avait gagné le plus gros salaire des patrons américains, avec 141 millions de dollars. Il y a donc de l'argent pour augmenter les salaires.

La direction a tenté de faire peur aux grévistes, en expliquant qu'elle ne pouvait rien accorder, que si la grève continuait l'usine allait fermer. Et comme ses arguments n'ont convaincu personne de reprendre le travail, elle les a envoyés par lettre au porteur chez chaque gréviste, ajoutant une provocation de plus en montrant qu'elle avait de l'argent à gaspiller.

En 1996, les travailleurs avaient obtenu, au bout de six jours de grève, 500 francs d'augmentation. Et en mai-juin 2000, il avait fallu trois semaines de grève pour obliger le directeur à modifier de manière plus favorable aux salariés l'accord qu'il proposait sur les 35 heures, après qu'il eut répété quinze jours durant qu'il ne céderait pas.

Alors, si la diminution de ses stocks l'inquiète, au moment de l'année où il se vend le plus d'eau de Javel, il ferait mieux de céder aux revendications plutôt que de laisser pourrir la situation comme il le fait.